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Coup de sang de Dominique Pompougnac Le mot
colère a colonisé le discours politique des mois passés, comme les algues
brunes dans nos rivières polluées, ou bien comme les ronces s’arrogent les
fonds incultes de nos jardins. Évidemment, cette végétation invasive s’est
installée là de longue date, ce n’est que notre ignorance qui lui a permis de
prospérer. Cependant la colère n’est pas une plante à rhizome, mais bien un
sentiment ou mieux un état d’être dont les racines plongent au plus profond des
angoisses et des frustrations de l’être, et la fréquence de ce mot dans le
discours est le révélateur de ces peurs qui d’individuelles contaminent le collectif.
Même quand elle est parée d’attributs flatteurs, comme « sainte » ou
« légitime » ce n’est que pour mieux déguiser la violence qui la
hante. Ne pouvant ainsi révéler son vrai visage, elle se pare d’atours qui la
disculpent, et l’exemptent de toutes nuances. Elle se décrète être, alors, la
voix de l’intolérable, ne laissant lorsqu’elle gronde que peu de place, sinon
aucune à la raison. Le personnage central de cette brève esquisse a lui été
confronté à l’intolérable. Il est amené comme on le pratique aujourd’hui à se
confier à une « spécialiste de l’écoute ». Mais cette prise de parole
n’est pas convenue. Il n’y a ni plainte, ni haine. L’horreur dépassée, d’autres
sentiments se font jour, et le témoignage en devient moins caricatural.
Les Délicates de Anne Bourrel
Ecrire un texte dialogué sur le thème de la tolérance... Dans sa simplicité limpide, cette consigne d’écriture est d’une difficulté insoupçonnée. Ce n’est pas la tolérance, c’est l’intolérance qui est théâtrale et spectaculaire. Il faudrait donc aborder le thème de la première par le spectacle de la seconde, c’est à dire par le tragique. Plutôt que cette option, j’ai pris au premier degré le thème de la tolérance en faisant le choix de la comédie. Il en résulte cette petite fable pour laquelle je sollicite, sinon la tolérance, du moins la bienveillance du spectateur. Elle se décline en deux variations pouvant, chacune, questionner ce thème lors des deux soirées que consacre « Les Chemins de tolérance » à cette présentation.
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