- Ce jour-là,
j'étais allée au marché des
Grandes Halles derrière la prison du
Châtelet, pour acheter à manger et
trouver du travail, peut-être. Un beau soleil
d'hiver éclairait les rues étroites. Sur
mon passage, les hommes se retournaient, me trouvant
belle pour mes quinze ans, sans doute. Plusieurs
garçons me connaissaient et de très
loin, ils m'interpellaient :
- - Eh, Louise, viens
avec nous !
-
-
- Je
préférais les éviter et
pénétrais maintenant sur la grand place
où des cris et des rires couvrirent les bruits
du marché. Toujours curieuse, je m'approchai et
vis un vieil homme et une femme sans âge se
jeter des légumes et des fruits à la
figure en s'insultant. De nombreux badauds les
entouraient, s'amusaient à les voir lancer avec
force tout ce qu'ils trouvaient sur l'étal d'un
marchand ambulant.
- Des gens disaient que
les deux personnes se connaissaient, qu'elles se
détestaient et s'en voulaient depuis des
années. La vieille femme se nommait Marie et
l'homme qu'elle avait attaqué la
première répondait au prénom de
François. Ils semblaient se
haïr.
- Après les
légumes, ils en venaient aux mains et à
ce moment-là, un tisserand du quartier se
précipita pour tenter de les séparer.
L'homme était de haute taille et bien
habillé. Il s'avança à grands pas
vers les deux agités et se plaça entre
les combattants. À ce moment-là, il
reçut un puissant coup de poing de
François, destiné à la vieille
Marie. La violence du coup le
déséquilibra. Il essaya tant bien que
mal de s'accrocher à la vieille femme si bien
qu'il l'entraîna dans sa chute sous le regard
stupéfait de François.
- Tous les deux
roulèrent sur le sol pavé mais boueux de
la place du marché.
- À cet instant,
une
vieille histoire que m'avait
racontée ma mère me revint en
mémoire.
- Au même moment,
je sentis une main froide mais forte qui me poussait
sur le côté. Je vis alors
un
jeune garçon au regard
sombre et triste. Il me regardait.
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DEVANT LA FORTERESSE DU GRAND
CHÂTELET
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