Chemins et
Passages 2018 / Ateliers de Noisiel avec Patricia Baud et Alain Bellet
Séance du 22 juin 2018 Avec
Karen, Kamel, Catherine, Noella, Sylvie, Brigitte, Colette et Ala
Ecrire à partir de ce que
vous évoque ces expressions : « Chemin de traverse » ou
« Pas de côté » ou la phrase « Si tu ignores où tu te trouves,
ne demandes pas ton chemin, car tu n'aurais pas le bonheur de te perdre »
« Tournez à droite ! » Et pourquoi pas
à gauche ? Ou en face ? Madame la jolie voix de GPS !
Tentons de nous égarer un peu, laissons-nous aller à
un peu de fantaisie, déchirons les carcans des itinéraires, éteignons Mappy et
compagnie, et découvrons les environs, sous un nouveau jour, un nouvel angle de
vue !
Il sera bien temps plus tard de nous géo localiser, de
suivre latitude et longitude, dénivelé et autre coordonnée ! Laissons-nous
aller à perdre la boussole !
Réponse face à cet élan de liberté ?
« Faites demi-tour dès que possible ! »
Eh bien, non, partons de ce point A pour aller à un
point X, Y ou Z en parcourant l'alphabet au gré des vents, sans queue ni
tête... et gardons les yeux bien ouverts !
Prenons des parallèles, des perpendiculaires, des
tangentes, allons en biais, marchons tel un crabe, à reculons, quart de tour...
1,2, 3... soleil ! Arrêtons-nous un instant pour
observer l'infiniment petit qui nous entoure, le rythme de la vie qui bat selon
son propre tempo. Prenons le temps de nous perdre un peu, de laisser divaguer
nos idées, sans chercher à les analyser forcément. Restons ouverts et attentifs
face à la rencontre inattendue, fortuite, imprévue.
Pourquoi tout planifier, pourquoi cette peur de
l'inconnu, pourquoi ce besoin de se rassurer, pourquoi craindre de sortir des
habitudes, des sentiers battus ?
Karen
Quand j’étais petite
au mois de juillet et aout j'allais en vacances en Picardie chez mes deux
grand-mères. À Vasseny ma grand-mère habitait la dernière maison de la route,
après c’était les champs. Quand il faisait beau je prenais les chemins de
traverse. J’errais dans les champs. Je ne pouvais pas la suivre cette fameuse
ligne droite. Je ne faisais jamais comme les autres.
Aujourd'hui après
beaucoup d'années passées, je fais des pas de côté.
Je ne sais pas si
c'est le poids des ans ou des bougies sur le gâteau d'anniversaire, mais c'est
un bien ou un mal, car je suis maintenant comme un cheval à qui on a fait porter
des œillères. Je ne dois pas me déporter de la ligne que je me suis choisie. Mais
le bonheur dans tous cela comme dirait un chanteur fort à la mode en ce moment.
Le bonheur, il est où ? En grandissant j'ai donc perdu mon âme d'enfant ? Mon
incontinence maintenant est de quelle couleur ?
Je ne sais plus.
Pourtant j'adore l’orange, qui est une couleur de soleil et de vie.Mais j'aime aussi le violet qui comme me l’a
dit ma soeur, il y a peu de temps, fait penser à la mort et au deuil. "Ça
fait pierre tombale m'a-t- elle dit". La seule chose que je reconnais
aujourd'hui c'est que je ne suis pas capable de vivre sans lui.
Sylvie
Mon ami Mathieu a pris les chemins de traverse pour
arpenter la France, du Nord au Sud et d'Est en Ouest.
Pendant un an, par tous les temps, toutes les
saisons.
Son périple, suivi sur Internet avec passion, m'a
fait prendre conscience des difficultés rencontrées ; le vent, le froid, les
engelures,
L’incertitude des nuits, la solitude.
Je me suis réjouie de ses rencontres avec des
habitants originaux, chaleureux ou taiseux.
Son passage dans l'Allier ma émue.
C’était en automne. Un automne magnifique que ses
photos lumineuses illustraient bien.
Le charme des sous-bois, baignés de lumière, les
minuscules villages repliés sur eux-mêmes, les auberges champêtres.
Les chevaux attelés pour les labours aperçus au
loin, des ânes seuls et immobiles dans leur pré.
Des personnages truculents émaillent son récit :
cafetier finaud et rougeaud, intarissable sur la désertification des
campagnes et des potins locaux. Accueil pour une nuit chez une accorte
paysanne, ravie de lui faire déguster un poirat local,
Des artisans, heureux de l'initier à leur pratique
et partageant sur le pouce un repas improvisé.
Nombreuses nuits passées sous la tente, sous des
cieux étoilés, transi de froid.
Petits matins brumeux et glacés, étangs enchâssés
dans la verdure, scintillants de mille feux, antiques chapelles romanes,
cadenaçées cachées au fond des bois.
Souffrance d'une marche soutenue, ou le poids du
sac à dos pèse lourd, ralentit la marche, déséquilibre le corps, met le dos en
capilotade.
Pieds endoloris, meurtris, à soigner
quotidiennement.
Cependant, immense bonheur que cette vie de
vagabond, de grande liberté.
Il est rentré chez lui, fatigué et heureux de
toutes ses richesses et s'attelle à l'écriture de ses chemins de traverse.
Brigitte
Séance du 1er juin 2018Je
Vous écris…
Avec
Karen, Kamel, Michel, Catherine, Noella, Sylvie, Patricia et Alain
1.Écrivez un texte poétique
2.Créer un personnage (fiction)
3.Une réflexion personnelle (un état d’âme)
« Je ne suis jamais seule, là où je suis »
« Il ne fait jamais nuit, là où on s’aime »
« Aujourd’hui, je dis NON ! »
« Je ne suis jamais seule, là où je
suis »
« Je suis
beaucoup ? Trop, peut-être ?
Souvent, dès que mon
imagination vagabonde ;
Je suis beaucoup, mes
univers se croisent, s’entremêlent, s’amusent à me jouer de bons tours.
Il suffit de laisser libre cours à mes pensées le
temps d’oublier que je cours après le temps !
Je m’y abreuve, m’y
complet, et pourrait m’y noyer ...
Parfois les temps se
déclinent, du beau temps aux temps passés.
Il n’y aurait qu’un
pas de trop, de travers, de deux !
Alors, je suis
beaucoup trop ?
Pour embellir ma vie,
l’a remplir de mille richesses, couleurs et… de mille devenirs ?
Oui, je suis trop, ce
qui a l’avantage de me laisser choisir, le « je suis de
l’instant »
« L’instant »
que je savoure pleinement. Au détour d’une belle
rencontre, je m’émerveille.
Le bonheur de la
surprise qui réveille mon âme d’enfant, m’entraîne dans le tourbillon de mes
plus beaux souvenirs.
Je reviens vers toi,
œuvre qui m’émeut, me transporte, me réjouis, me fascine et m’inspire…
J’oublie…
Rappelle moi qui je
suis...
J’oublie…qui je suis
pour être tout à fait MOI !
Je suis beaucoup
trop ?
Mais, ne faut-il pas
être trop, pour être juste SOI ? SOI, SOI ! MOI.
Noella
Aujourd'hui
je dis non...
Aujourd'hui je dis non. Je dis non à l'écriture.
Je dis non à cette feuille de papier qui n'attend qu'à être remplie de lettres,
de mots, de sens, de poésie. Je dis non au laisser aller de la fluidité d'une
histoire.
Aujourd'hui, les muscles de ma main ne veulent pas la faire aller et venir au
gré de ces lignes invisibles. Aujourd'hui, mes doigts sont repliés sur ce stylo
qui semble ne plus vouloir écrire, mais rester en suspens au-dessus de cet A4
blanc.
L'inspiration n'est pas au rendez-vous, pendant
que j'entends crisser les billes d'encre de part et d'autre de la table et que
des textes se constituent chez mes voisins. Aujourd'hui, la feuille de papier
A4 blanc ne sera guère remplie de mon côté : énoncé d'exercice et
tentative infructueuse de réponse maladroite, mal à propos. Pages qui se
tournent, recto-verso remplis pour d'autres...
Karen
" Il ne fait
jamais nuit, là où l'on s'aime"
Il
devait être aux alentours de vingt-deux heures trente, le ciel commençait à
s'assombrir, le bleu allait s'assoupir dans la nuit étoilée
laissant entrevoir la voie lactée.
Être
ou ne pas être, pour elle comme pour lui, là n'était pas la
question.
La
cohabitation devenait très serrée, l'équation mystère d'un plus une allait se
dévoiler.
Encore
un instant, instantanément attirés par la nébuleuse inconnue.
Tu
seras mien et je serai tienne quoi qu'il advienne !
Jour
après jour, sans jamais compter
Adrien demeurera le
jumeau d'Adrienne, mimant ses propres airs en miroir.
À
la mémoire d'Eugène père de la différence à travers
tant de ressemblance.
Isolés,
jamais, tant le lien même à distance s'inscrit, est ressenti, pressenti,
établi.
Non
rien de rien, pas même la nuit n'éteindra l'unisson de leurs âmes.
Ensemble
les dits" zygotes », gigoteront, grandiront
Si
fragile et déjà si fort.
L'un
et l'autre immergés, protégés par une bulle, à l'abri des regards
Unis
par les cordons du sang, les ressentiments
Oui, ils
s'aimeront
Depuis
la création, sans d'autres prétentions
Animés
par leurs petits sens, traversés par leurs sensations
Indescriptible,
étrange que la vie à deux.
Catherine
En ce moment, je ne
suis pas seule lorsque je suis seule. Mes moments de solitude sont toujours
remplis de sensations, de perceptions, de personnages imaginaires, je vois,
j’imagine, je pense à des vies parallèles. Tantôt c’est une femme libre comme
l’air, tantôt une autre aux multiples chaînes, liée à son mari, et qui veut de
se libérer de sa vie étriquée, ou tantôt encore une voyageuse.
Comme moi ces femmes
pensent, parlent et vivent. Comme moi, elles respirent et l’air qu’elles hument
les rend plus fortes et belles.
Non vraiment, je ne
suis pas seule lorsque je suis seule, car le chemin de la solitude rejoint
celui de la gratitude, et celui-ci est riche en étapes ensoleillées.
Ces femmes dansent,
libres ou pas, leur esprit s’envole, et comme moi, comme des papillons, elles
volètent, leurs silhouettes si colorées que la nuit ne les effraie nullement,
elle est juste remplie de beaux rêves.
Être seule et pleine
d’émotions, de vibrations, est la plus belle façon de voyager, de faire des
rencontres, de trembloter, au fil des jours, au fil des nuits.
Être seule peut me
remplir de plénitude, de béatitude ou de sollicitude, et quand je rencontre des
personnes de chair et d’os, je suis nourrie de ces êtres vus dans d’autres
contrées, imaginaires, et parfois c’est au milieu d’une assemblée que je peux
me sentir seule, étrangement ballotée entre les discours des uns et les regards
des autres.
Non je ne suis pas
seule lorsque je suis seule.
Colette
« Je
ne suis jamais seul, là où je suis », se répétait Razou Vagotte en faisant
les cent pas dans l’ombre du grand phare. Faut dire que l’océan tapait dur le
long de la côte rocheuse où il se trouvait. Ça te fait de la compagnie les
vagues et l’écume, parole de marin. Et puis, il y a aussi les cantiques des
grands goélands qui font ressembler le ciel à la voûte d’une cathédrale. En
mer, ou sous le phare de la Crique Noire, j’emmène mes fantômes et on
cause à perpète de tout et de rien. Ça s’engueule parfois sous la lune quand
elle nous tourne la tête.
Razou
Vagotte passait pour un bizarre dans la plupart des bourgs à la ronde. Des
vieux disaient que c’était l’Ankou lui-même qui l’avait nourri, enfant. L’avait
pas besoin de compagnie le Razou, il réveillait les elfes, convoquait les korrigans,
appelait les âmes traînantes des bois alentour. Pour un solitaire, il
paraissait bigrement occupé. De ses bras frêles il fouettait l’air comme un Don
Quichotte abandonné sous tous les moulins de la terre. Et vas-y, et vas-y
encore, ça cause, ça s’engueule, ça hurle presque. Des régiments de gnomes en
tous genres l’accompagnaient.
Et
maintenant, tous les curés de Bretagne se signaient prudemment sur son passage.
Et quand Razou Vagotte décida de mourir noyé une folle rumeur affirma qu’une
belle escadre de dauphins le rejeta sur la plage. « Jamais seul, là où je
suis », qu’il répétait, hébété.
Alain
Aujourd’hui,
je dis non !
Non,
crénom de non !
Aujourd’hui
je dis non et je vais m’y tenir,
Marre
qu’on se moque, d’être pris pour un con,
Aujourd’hui
je dis non, pouvez sourire.
Aujourd’hui
je dis non, c’est vraiment décidé
Pas
la peine de crier, de hurler au martyr
Marre
qu’on s’y frotte, c’est fini d’aider
Aujourd’hui
je dis non, je pars, je vais partir
Aujourd’hui,
vous l’avez compris, je dis non plus jamais,
Inutile
d’insister, de rabâcher, de faire l’ange,
Marre
que l’on m’insulte, je dis plus aimer
Aujourd’hui
je dis non. C’était écrit, fini l’archange
Je
dis non et cela m’enchante.
Alain
Il ne fait
jamais nuit, là où l’on s'aime car la chaleur humaine brille de mille feux. Le
feu de cette flamme inonde l'autre de son regard brillant, bruyant, étincelant.
Il ne fait jamais nuit, là où l'on s'aime car tout s'anime, la joie déferle,
doucement, assidument, silencieusement.
Sylvie
Séance du 18 mai 2018 Cadavres exquis collectifs
Avec
Karen, Kamel, Michel, Brigitte, Noella, Océane, Patricia et Alain
Je vous écris d'odeurs... (Karen)
Je vous écris d'odeurs vives,
à cheval sur le parfum des villes, le crottin des campagnes, la soupe des
vieilles femmes. Je vous écris d'odeurs fortes sur le pas du cheval, le tuyau
échappement, le palais de la bière à l'heure de la fermeture. Sens, respire,
enivre-toi de ces fumets de lettres qui font ton écriture.
Je vous écris d'odeurs
délicates et subtiles : le parfum des roses presque fanées au crépuscule,
l'odeur du buis après la pluie, de la menthe sauvage et du cresson, l'odeur du
pré fraîchement coupé et du foin après la fenaison ; l'odeur de la cire
étalée sur le parquet ce matin et du bouquet de fleurs des champs cueillies ce
jour.
Stimuler mes sens pour que
revienne l'abondance, les parfums d'odeurs mélangées qui me rappellent ta
présence et couvre le vide de ton absence. Je vous écris d'odeurs pour que
chaque heure soit à l'honneur. Je vous écris d'odeurs pour retrouver la chaleur
d'une fleur et un jardin où chacun pourrait se retrouver en chassant son
chagrin.
Je vous écris d'odeurs
printanières, au ras des pâquerettes, le nez dans l'herbe pour humer le parfum
des violettes.
Les exhalaisons intenses du
printemps m'enivrent et sont comme le signal de beaux jours : jours
d’allégresse, de fête, de longues soirées ensoleillées.
Suivra l'été, de cette fin
d'école avec sa kermesse aux odeurs acidulées des bonbons et barbes à papas, ou
chocolatées des viennoiseries de la boulangère. Puis ces odeurs de vacances, de
barbecue entre amis, de feux de joie et d'artifices.
Je vous écris dans la pierre... (Alain)
Je vous écris dans la pierre
tel Rodin sculptant une œuvre célèbre. Mon cœur n’est pas de pierre mais saigne
de douleur. Oui, j’ai encore saigné aujourd’hui, prenant la pose, perchées sur
les pointes pendant des heures.Tandis
que Monsieur Rodin martelait mon corps… C’est ainsi que l’on ressent l’être
humain de nos jours, je m’en explique, je pense en fait à la différence entre
le cœur d’un objet et son caractère matériel. La substance, l’essence même de
toute œuvre qui se créé sous les coups du sculpteur me semblent des continents
à explorer, à aimer, à défendre.Fuir
Ecrire dans la pierre, c’est
soulever des montagnes, fuir la poussière, maudire le sable.
Je vous écris dans la pierre
en la faisant rouler sur le côté, j’écris avec Sisyphe comme voisin de stylo,
comparse de plume, lutin de cerceau, dessinant les lettres au plus fin,
taillant le verbe au burin, dégrossissant vos certitudes.
Des volontés dures comme
pierre bous terrassent, nous conditionnent. Burins de la pensée, tailleuses de
vies contenues. Pierres qui roulent et nous broient. Œuvres de pierres…
Je
vous écris la terre, les forces de la terre… (Brigitte)
Je me souviens de mon dernier voyage au centre de
la terre incandescente, mystérieuse et inquiétante.
Au centre de la terre, j'ai fait de belles
rencontres malgré tout.
Les personnes au centre de la terre sont gentilles
mais aussi mystérieuses.
Au centre de la terre, voyage intérieur qui reflète
comme un écho allant vers l'univers, l'espace et l'infini. Mais au
centre de la terre, c'est l’enfer qui s'y trouve, selon la Bible. Et aussi
selon les géologues.
Il y aurait un noyau de métal en fusion. Il
faudrait demander à Jules Verne ce qu'il y a exactement.
Voyage au centre de la terre, de l'Univers, de Soi,
de son inconscient.
Voyage en sismologie, secoué de toute part,
subissant les retentissements de l'épicentre.
La Terre s'écrit et je vous écris la terre et moi
je hurle pour prévoir de ses forces, de ses dérives, de ses éclats et ses
tonnerres,
J'écris la terre comme une bouteille à la mer,
comme un bonbon rond, qui tapisse de sucre la belle mappemonde de mers,
d'océans et de coraux. Le capitaine Haddock est prêt pour l'aventure et
Monsieur Jules Verne a rejoint l'équipage.
Je vous écris de la terre, là où se rejoint la mer.
Je vous écris de la terre sans retomber par terre.
Je vous écris de la terre sans cultiver de pierres.
Je vous écris de la terre en dégustant une bonne
bière.
Je vous écris de la terre ou sont mes racines et
mon premier amour.
Je vous écris dans le métal (Patricia)
Je suis une forge de campagne, remplie de
métal incandescent et d’outils rutilent qui frappent, déforment, s’embrasent et
rougeoient aux pieds des chevaux.
Je suis située en Lorraine, dernier lieu où
j’ai encore une activité. Le métallo est en sueur car il fait une chaleur très
rude. Les conditions de travail sont très éprouvantes, et à chaque élection,
les candidats défilent et font des promesses jamais tenues !
- Bien le bonjour ! Nous sommes
fourbus, la foire et Provins bat son plein. Mon cheval a besoin d’un nouveau
fer…
- Au galop ! Du passé au monde
métallisé ! Le fer aiguise les armes, grâce au feu. Allons combattre vers
un futur prometteur ?
- Aux armes, citoyens ! Qu’elles
soient de fer, de plume ou de mots, portons haute notre voix, quelle que soit
la voie utilisée.
- Bronzes et statues de revendications
fossilisées, fantômes d’acier des luttes avortées, voix métalliques offertes à
l’unisson, vous prenez corps sans vie…
Je vous écris dans le papier
(Michel)
Papier chiffon, je suis de tissus …...
Je m’habille de mots, de signes, de codes convenus.
Le bruissement de la feuille se mêle au toucher de
la plume.
Je vous écris dans la soie papivore pour affiner
des mots de tendresse, des mots d’enfance et de souvenances.
Je vous écris dans le faire-part de deuil pour
enterrer la morosité, la légèreté, la gravité…
Je vous écris dans le fait divers du papier journal
pour ce matin…
Fait divers, la plume va en vacances pour nous
raconter son séjour au sein de cette feuille à remplir après la date d’arrivée.
Et l’encre finit pour la rentrée en septembre.
Il sera alors l’heure du papier buvard pour éponger
ces gouttes d’encre intempestives, du papier brouillon où laisser aller mon
imagination et mes ratures, du papier crépon pour confectionner mes
déguisements du carnaval.
Du papier de cigarettes, que je roule
religieusement autour d’une pincée de tabac blond et que je vais savourer
lentement, la tête dans les nuages.
Le papier d’Arménie, papier de riz, papier d’oubli.
Je vous écris dans l’air...
(Noella)
Je vous écris dans l’air du temps,
au goût du jour, en suivant les modes du moment, partagée entre les diverses
inspirations du moment, je laisse ma plume virevolter au gré des vents, là où
elle aime se distinguer, tournoyer, vous séduire.
J’écris dans l’air du temps,
debout, stand up, marchand, courant.
J’écris météorite pour façonner le
monde à ma manière, ouvrir les bras à la bourrasque, les fermer sur la pluie
trop froide, bourlinguer sous la chauffe saharienne.
Je suis le vent chaud, tournoyant
du désert. Je tourmente hommes et bêtes de la caravane chamelière. Je
métamorphose paysages et caractères. Ceux des hommes vivants près de la mer. Je
déchaîne les vents des sables, qui font se coucher les chameaux, brûle les yeux
des hommes bleus, étouffe les sons et rameuter femmes et enfants sous la tente
close.
Je vous écris dans l’air trop
lourd, juste, tout juste avant l’orage. Trop lourd d’odeurs multiples, surtout
désagréables, voire nauséabondes, juste avant l’orage !
Bruits de la mer, les vagues nous
envoient de l’air du sel s’échouant sur le sable des plages. Allongé sur une
serviette de plage, je sens les rayons du soleil avec l’air doux qu’apporte la
mer venant, ainsi, nous frôler la peau.
Je vous écris dans le feu… (Kamel)
La pollution brûle l’air que
l’on respire comme un virus dans un ordinateur. Et voilà, ce feu nous brûle
comme l’enfer.
Il ne manquerait plus que l’on
se fasse envahir par des ovnis !
Les ovnis se sont arrêtés aux
portes de l’enfer, univers inconnu des petits bonhommes verts. Ils viennent du
feu, ils font entrés les ovnis dans le monde du feu avec plaisir.
Monde de l’imaginaire, je
m’empare de la conscience des hommes endormis, bercés par le crépitement du
bois dans mes flammes. Ils rêvent, ils rêvent, et je les condamne.
Je vous écris dans le feu de
cheminée qui crépite et sent le sapin. Ses flammes dansent joyeusement et les
pommes de pin éclatent tour à tour en pétant sec. Des étincelles fusent et
tombent sur le parquet noirci par d’innombrables autres feux.
Séance du 13 avril 2018
Je suis une maison. Où,
quand, seule ou avec des voisins ? Maison refuge ou maison prison ?
Repos et apéro. Je
suis une petite maison dans la campagne lotoise. Pièces seulement, une petite
terrasse embaumée par la glycine l’été, et un tout petit jardinet.
Il y a souvent du
monde sur la terrasse, pour des apéros ou des barbecues entre amis et voisins.
Oui, mes propriétaires adorent les apéros, surtout pendant les vacances d’été.
De toute façon,
l’hiver, y’a personne dedans. Oui, on gèle sans chauffage !
Et puis y’a pas
grand monde, l’hiver, dans ce petit bout de village : vingt-cinq habitants,
et puis tous les ans y’a un vieux qui casse sa pipe. Mais qui voudrait
s’installer là pour repeupler le coin ?
Les voisins ne sont
pas très bruyants, à part les chiens qui aboient gentiment juste pour dire
bonjour, mais les vacanciers d’en face par contre, avec la piscine, on les
entend s’éclabousser et crier tout le long de l’été.
Sinon, à part ça,
pas de bruit si ce n’est le bruit des cloches qui sonnent les heures et les
demi-heures, les grillons et les bourdons, et le soir, les chouettes qui
hululent.
Je suis une maison
refuge, oui, ma propriétaire aime bien y venir pour se ressourcer comme on dit,
seule avec ses lectures, et ses occupations artistiques, car si mon jardin est
petit ; son jardin secret, à elle, est plein à craquer.
D’ailleurs des
artistes y’en a : une femme peintre, un pianiste et une créatrice de
bijoux : il faut croire que le calme, ça inspire !
Là, c’est le
printemps, je vais être occupée, et je ne vais plus m’ennuyer ; on va me
refaireune beauté, laver les rideaux,
et donner un coup de jeune aux volets, je vais voir du monde et profiter des
bavardages et des commérages ; j’en apprends tous les jours : qui a
invité qui et qu’est-ce qu’ils ont mangé, qui s’est engueulé avec qui et lui
cause plus, qui a dragué qui dans sa jeunesse, oui, ça cancane dans tous les
coins.
Voilà ma vie, tantôt
calme, tantôt animée, comme le village serein ou guilleret.
Colette
2ème sujet : travailler à partir des 4 éléments
Je t’écris(ou je
vous écris) dans le feu/par le feu/ contre le feu
- dans l’air/ par l’air
-avec l’eau/ au bord de l’eau
-avec les forces de la terre / contre les forces de la
terre
Ma chérie,
Je t’écris dans le
feu, car je brûle d’amour pour toi ; tu le sais, car tes joues sont rouges
et tes yeux papillonnent.Épouse- moi et
je serai ton éternel volcan. Tu n’auras jamais froid dans les bras. Été comme
hiver, je brûlerai pour toi corps et âme, flammes ou tisons, je serai ton
éternel compagnon !
Colette
Maison
Picarde !
Bonjour, je m'appelle Aglaé, je suis née en 1900 et
je suis la maison de ton arrière-grand-père. Je possède un terrain derrière
moi, là où l'herbe pousse naturellement. Elle est tondue à chaque fois que mes
occupants viennent passer un séjour de différentes longueurs, à différentes
époques.
Si vous désirez me voir, il faut emprunter la nationale
2 en direction de Soissons, là où vous trouverez encore de magnifiques Haricots de Soissons dans toutes les
boulangeries de la ville. Vous visiterez la cathédrale avec le tableau de
Rubens, lieu où les mariés prêtent serment pour le plus beau jour de leur vie.
Moi, Aglaé, je suis une ancienne ferme où l'on peut
encore trouver les cabanes à cochons, les écuries et le grenier, là où est
encore entreposé la paille séchée de la récolte précédente. C'est dans mes
entrailles que bon nombre de chats viennent donner la vie à de frêles chatons.
Tout en étant petite, je ne manque pas de charme
avec ma toiture en escalier, mes ardoises noires et mes blocs de craies qui ne
se rejoignent que par de la terre battue, caractéristique des maisons picardes.
À l’intérieur mon sol est en parquet et je n'ai de
cesse de visualiser le tableau Les
raboteurs. C'est l’âme de cette maison fraiche l’hiver comme l'été, je suis
un havre de paix à qui veut bien se donner la peine de pousser la porte
d'entrée d'un geste rotatif, la porte vacille et je suis entièrement à vous
sous le charme de nos beautés réciproques.
C'est ici qu'enfants de tous âges viendront pendant
les vacances scolaires ramasser les chocolats pour Pâques, ou les pâquerettes
et violettes au printemps
Je suis heureuse, je respire le bien être d'une
convivialité partagée. Je ne voudrais pas
être une autre entité, je me plais telle que je suis avec ceux qui profitent
agréablement de moi.
Sylvie
Je vous
écris au bord de l'eau, là où il est impossible de faire vos traditionnels
barbecues. Je vous écris par un beau jour de printemps où l'on m'a autorisé à
barboter dans cette eau tempérée où je vais bientôt faire du kayak affublée de
mon gilet jaune indémodable. Je vous écris tout simplement parce que l'eau
c'est la vie.
Sylvie
Je suis une maison centenaire, couverte d’ampélopsis,
érigée au coeur de la Vallée Noire, chère à George Sand, loin du village. De
grands arbres me cernent, trois vieux bassins en granit occupent l’ancien
verger où poiriers et pommiers montent la garde. Une petite fontaine surmontée
d'un faune grimaçant, laisse couler une eau limpide qui déborde et s'écoule sur
du cresson sauvage.
Une ferme attenante, munie d'une longère, d'une
étable, d'une écurie et de splendides granges a été très active de nombreuses
années. Lors de la mise à la retraite des derniers métayers, nous l'avons
rachetée. En cassant le mur d’enceinte, nous avons récupéré de l'espace, un
potager et une pêcherie.
Six carpes y évoluent paresseusement ainsi qu'une multitude
de poissons rouges.
La menthe pousse le long de ses berges et embaume
en été.
Des prés où résident de blanches charolaises, un
vieux moulin en contrebas, et une petite maison cachée par les arbres, animent
le paysage.
Notre maison est lumineuse grâce à ses hautes fenêtres,
et sa position surélevée, spacieuse.
Fraiche en été, glaciale en hiver.
La cuisine est en sous-sol, avec un monte-plat, ainsi
que la buanderie et la cave sombre où sommeillent de nombreuses bouteilles. Quelques
tonneaux, un grand vinaigrier, des paniers en bois de châtaignier de toutes
tailles accueillent œufs et fromages.
C'est une maison refuge. Une grande bibliothèque, vaste
capharnaüm, s'invite au rez-de-chaussée.
Une terrasse fleurie, prolonge le salon. La vue sur
les vallons et des fermes éparses est magnifique. Les couchers de soleil sont
splendides. On s'y retrouve le soir pour des apéros dinatoires.
À part le facteur, on ne voit pas grand monde
descendre à la rivière. Des chevaux viennent s'abreuver dans de grandes auges placés
en bord de route. C'est la maison de mon enfance heureuse. Chère à mon
coeur, inoubliable.
Brigitte
Je vous écris au bord de l'eau, lors d'un été brûlant,
en Berry. Les carpes viennent gober l'herbe des berges avec grand bruit. De
petites grenouilles vertes sautent de pierre en pierre avec agilité. Les saules
pleureurs se mirent dans l'eau limpide. Des poissons rouges, évoluent en bande
dans un gracieux ballet. Quelques hirondelles rasent la surface de l'étang et
fusent vers le ciel d'un bleu d'acier. Les abeilles butinent au ras des
orteils. Une blanche hermine, aux yeux en boutons de bottine, traverse le
chemin et, d'un bond, disparait dans les roseaux. Furtive et fugace apparition.
Je ne l'ai jamais revue. Assise dans un transat à l'ombre d'un grand buis, j’écoute
le silence troublé par la cloche du village qui sonne les heures. Un faisan
appelle ses poules au fond du jardin. L'air est immobile, plombé. Dans le pré,
de grasses vaches, ruminent, groupées sous les arbres, cherchant un peu
d'ombre. Beauté, paix, contemplation, gratitude.
Brigitte
JE SUIS UNE MAISON
La maison d’Hélène se situait à Brienne-le-Chateau,
elle abritait une grande famille, puisque successivement entre mille neuf cent
quarante et mille neuf cent soixante-deux, au grand désespoir de ma grand-mère,
celle-ci enchainait les grossesses.
Après une enfance terrassée par la mort de ses
parents, sa sœur ainée Olga ainsi que son frère Alfred se retrouvèrent
orphelins avec un nouveau statut celui de pupilles de l’état.
Chacun d’eux furent séparés et placés dans des
familles d’accueil sur un secteur géographique d’environ une quinzaine de
kilomètres, ce qui leurs paraissaient le bout du monde. Ils prirent résidence
ou plus exactement leurs postes dans des exploitations agricoles ou la main
d’œuvre bénite se trouvait la bienvenue eu égard au jeune âge des enfants.
Après de longues et pénibles années de labeurs, une
enfance volée et de nombreux abus en tout genre, Hélène devint à son tour fille
mère.
Alors que l’âge de la majorité ne pointait pas
encore le bout de son nez et qu’elle n’avait même jamais eu le temps de jouer à
la poupée, elle deviendrait maman de l’illégitime. Cependant, les mois
passèrent et dans un élan de résilience Hélène épancha sa peine, ses peurs, ses
manques et autres carences abandonnique en trouvant réconfort auprès d’André,
un homme rustre qui malgré tout par pitié plus que par amour s’occuperait
d’elle et de bébé Arlette bien qu’issu d’un autre lit.
Elle songeait à son avenir et son besoin de
sécurité, à deux on sera plus fort, je serai enfin protégée et André l’aiderait
sans doute à affronter la honte ! Elle accepterait sans rechigner toutes
les contraintes liées à sa situation afin de se marier.
Juste un bémol, il fallait pour cela accepter de
confier l’éducation de la petite « bâtarde » à la sa marâtre de
belle- mère ; celle-ci, veuve aigrie et acariâtre résidait à deux pas de
chez eux et par charité chrétienne en assumerait pleinement la garde et le bon
plaisir de le lui rappeler la culpabilité.
Les grossesses s’enchainèrent ne laissant que peu
de répits à Hélène. Lorsqu’elle pressentait un retard dans la date de ses
menstruations, elle sombrait dans des moments de profonds désespoirs… Elle
songeait à la mort bien plus qu’à la vie quelle donnerait. Elle maudissait ce
corps si fécond et les nombreux besoins primaires d’André, ce grand gaillard
d’un mètre quatre-vingt-cinq envers qui elle ne pouvait résister. Admirative de
sa chevelure noire épaisse et gominée plaquée sur l’arrière, son nez fin et
pointu ajouté à son regard bleu puissant, ne laissaient personne indifférent.
Lors de ses allers et venues pour se rendre à
l’usine, sur son vieux « biclou » vêtu de son bleu de travail il
arrivait à garder fier allure, une aura digne d’un acteur de cinéma.
C’est ainsi que Monique, Christiane, Yves,
Marie-France, Colette, Jean-Luc, Marie-Carole, Marie-Hélène, Olivier virent le
jour. Nous ne compterons pas les dernières fausses couches.
Mon oncle Olivier, le dernier de la fratrie
naissait à quelques mois près la même année que mon frère. Il n’est pas si loin
le temps ou les femmes subissaient leur maternité. L’accès à la contraception
datant de mille neuf cent soixante-sept.
André et Hélène vécurent ainsi au rythme des
gazouillis, rue Berthier au cœur d’un village de cinq mille habitants dans le
département de l’Aube.
Depuis la route principale, on peut toujours
contempler cette belle demeure ancienne aux nombreux pans de bois de style
champenois, typique de cette région. Les colombages grisés par le temps lui
confèrent beaucoup de charme et les hirondelles viennent certainement toujours
nicher sous la remise leur futur progéniture en souvenir de tous ses petits.
Catherine
LA
TRANSCENDANCE
J'habite à Torcy dans mon
appartement. Ça fait un moment que je suis là. Je suis quasiment seul.
Ma solitude me fait penser à une
prison, apparemment sans clef(s) car en fait je les détiens de mes propres
mains. C'est une maison virtualisée, c'est-à-dire que j'utilise mes clefs de
serrure(s) pour aller là où il me semble bon vivre.
En fait, c'est à la fois une maison
refuge, car c'est le seul lieu où je m'héberge et à la fois une maison prison,
car l'idée me vient que ce soit aussi une clef de porte virtuelle.
Ces deux sortes d'hébergement
rendent ma vie difficile parce qu'elles ne sont pas confondues, je dirais plus
qu'elles sont en parallèle. Comme les deux mondes décrits n'ont pas de point(s)
en commun, la vie rendue ainsi complexe divise deux champs bien distincts, soit
le monde de l'intérieur et puis le monde de l'extérieur.
Kamel
Je suis un chalet à la montagne. Je suis tout en
bois, matière réconfortante et chaleureuse s’il en est.
Ici règne le calme. L’air y est pur. Je mesure
plusieurs centaines de mètres carrés.
Les enfants peuvent y jouer et courir dans mes
larges salles.
Je suis situé dans un village moyennement
peuplé ; il y a des voisins que l’on salue, mais que l’on ne fréquente pas
plus que ça. Je permets à mes occupants de faire de grandes balades dans les
environs.
La vue est superbe.
Pourtant, j’essaie de chasser de ma mémoire les
sinistres personnages ayant habité un chalet tel que le mien.
Peut-être voyez-vous de qui je veux parler ?
Ma saison préférée est l’été quand la nature est la
plus exubérante, que le temps est clément, mais pas trop chaud comme au
bord de la mer.
Ce n’est pas étonnant que certaines stars, comme
Johnny, aient voulu posséder une telle demeure.
Il y eut aussi quelques faits divers sanglants se
déroulant dans un chalet.
Ma quiétude ne rejaillit pas toujours sur mes
occupants, malheureusement.
Michel
Histoire d'une maison à histoires
Je suis une maison, dans une chambre de petites filles : mes propriétaires
sont des jumelles de sept ans, Amandine et Joséphine. Oui, je suis une maison
de poupée, de cette poupée très connue dont sont fans les fillettes du monde
entier, Barbie.
On m'a offerte aux jumelles pour le Noël de leurs
six ans, avec toute la panoplie : chambre d'enfant, salle de bain, salon,
cuisine... Je suis même équipée de l'électricité et d'une sonnette de porte
d'entrée. Je suis la toute dernière version, un gros investissement pour leurs
parents ; mais j'ai été déjà bien investie depuis un an ! Leur père
et leur oncle étaient ravis d'avoir un si gros truc à monter pour Noël. Ce fut
l'affaire d'une heure car bien sûr ils ont rechigné à regarder la notice de
montage.
Depuis je trône sur une petite table basse, dans
une chambre aux tons roses, violet, fées et papillons, entre deux lits jumeaux
à la literie « Reine des Neiges ».
A côté de moi, sur un parking improvisé, le
camping-car Barbie m'a précédée. Il y a aussi toute une étagère de jolis livres
de contes, le bateau de pirates Playmobil du grand frère est amarré non loin
(cela fait un moment qu'Antoine l'a délaissé lui préférant mangas et jeux
vidéo).
Je renferme une multitude de meubles de tailles et
de styles divers : lits, commodes, tables, chaises... j'ai recueilli la cabine
de douche Dora qui se transforme en baignoire, ainsi que des objets de camping
Playmobil. Je suis ouverte d'esprit comme vous voyez, le marketing Barbie n'a
pas l'exclusivité. Certains mobiliers et accessoires ont ainsi trouvé une
seconde vie en m'équipant, alors qu'ils avaient été relégués au grenier par
Antoine.
Mes habitants aussi forment une famille recomposée
pleine d'originalité : Barbie et son compagnon Ken ont une fille Dora et
des enfants Playmobil, et ils ont adopté des chiens et chats peluches.
Le soir tout ce petit monde est bien fatigué d'avoir été remué par ces deux
coquines complices. C'est qu'elles en créent des histoires au sein de mon
quartier après l'heure des devoirs, le mercredi et les WE quand elles n'ont pas
leurs activités à l'extérieur ! Et puis quel succès j'ai aujourd'hui
auprès de leurs copines pour leur anniversaire ! Je me suis retrouvée
entourée d'une dizaine de petites filles ravies de me découvrir et de
m'aménager de nouveau à leurs goûts. J'ai eu un peu de répit le temps du goûter
et de la chasse aux trésors ! Mais je les entends revenir avec ces
nouveaux petits objets, durement gagnés lors de la chasse, qui vont finaliser
ma décoration !
Je vous écris dans le feu qui me caractérise désormais.
J'aurai bien vécu toutes ces décennies durant. Je
suis fier d'avoir exercé un noble métier, venant en aide aux autres, leur
permettant de reprendre le cours de leur vie après un moment de fatigue, de
solitude, de répit. J'ai découvert de multiples facettes de notre charmant
pays, paysages de montagne, de campagne, et de bords de mer. J'ai vu grandir
mes enfants, et mes petits-enfants. J'ai assisté à des mariages, à des
baptêmes, et à des enterrements aussi... jusqu'au mien ! Désormais on
parle de moi au passé, en évoquant M. feu...
Thème
d’écriture : Je suis un tiroir. Quel est mon contenu ? Quelle scène va-t-être jouée ?
J’en ai marre d’être le tiroir à bazar !
Eh oui, sous prétexte que je suis le premier tiroir de la commode
de l’entrée, je sers à tout entasser : un pêle-mêle de clés, de post-it et
de stylos usés, de vieilles enveloppes qui servent à faire des listes de
courses, des paquets de chewing-gum et desbonbons, des kleenex, des tournevis, des cigarettes et des briquets hors
d’usage, tout un bric-à-brac indescriptible !
Oui, depuis que j’ai atterri après une bocante dans cette nouvelle
maison, je suis le tiroir à bordel !
Oui excusez-moi du terme, mais il faut appeler les choses par leur
nom !
Avant, mon ancienne propriétaire, elle, au moins, rangeait ses dessous avec
amour et délicatesse et c’était beaucoup plus gratifiant : des culottes,
des strings, des boxers, un soutien-gorge, tout cela dans de belles matières
très colorées, des collants… Et des bas de soie ! C’était vraiment
agréable ! Et puis surtout, elle me laissait toujours entrouvert et je
pouvais voir ce qui se passait dans la chambre !Tandis que là, je suis fermé, dans le noir, sans espoir.
Colette
Le
Tiroir
Je m'appelle chiffonnier tout en haut, c'est le numéro 1, celui où
l'on rêve d'espace.
De mes entrailles sortent bagues et colifichet, c'est là le reflet
de l’âme dans un miroir je vois ta vie qui défile brillante et brillamment travestie.
Dans le
numéro 2, je trouve des photos, belle caricature de l'espace-temps.
Photos celles
où l'espace est à l'honneur, la lune en a été le témoin le plus fidèle.
Sylvie
Je suis le tiroir du milieu, d'une vieille armoire en merisier
reléguée au grenier depuis cinquante ans.
Une petite fille fureteuse s'y est penchée et l’a ouvert. Résistance
et grincement.
Un journal datant de la guerre de 14, en recouvre l'intérieur. Un
parfum de jasmin s'exhala de quelques mouchoirs brodés et chiffrés et de
taies d'oreillers jaunies.
Une grosse boite métallique, entrouverte, laissa s'échapper de
multiples boutons de toutes formes et de toutes couleurs.
Boutons de manchettes, de vareuses, de bottines, de redingotes, de
chemises d'officier.
Ils glissèrent sur le plancher en cliquetant et se perdirent
derrière les nombreux meubles entassés. Une robe de velours rouge, au col en
dentelle fripé, habille joliment le corps d'une petite poupée en porcelaine.
Elle dort sagement, posée sur une petite couverture délavée.
Ses pommettes rosées, ses longs cils recourbés, son teint d'albâtre,
sont une merveille.
Un doux sourire flotte sur ses lèvres vermillon.
Vas t'elle se réveiller après un long sommeil, dérangée par le
bruit et les petites mains qui caressent doucement visage et robe.
Je suis le tiroir, du milieu, moi qui suis chargé d’un tel trésor,
bien conscient de mon importance.
Vivre au grenier ne me gêne pas. J’y ai un ami fidèle, un chat
huant qui se perche sur mon épaule au retour de ses virées nocturnes. Il me
chuinte ses aventures, dépose souvent un gros mulot encore vivant, qu'il
dépiaute sauvagement. Je suis le tiroir du milieu, d'une vieille armoire
en merisier.
Brigitte
Je
suis un tiroir, un tiroir de ta mémoire.
Tu
sais, un de ces nombreux tiroirs auxquels tu n'as plus accès.
Je
renferme des petits moments de vie : de ces instants partagés de bonheur, de
joies, auxquels tu pourrais te raccrocher les jours de brume.
Mais
voilà, je suis fermé à clés, bloqués, ces souvenirs semblent perdus à tout
jamais.
La
maladie est passée par là.
Mais
ton entourage possède certains doubles de ces clés, et parfois arrive à ouvrir
l'un de mes copains tiroirs.
Tes
synapses papillonnent alors, et l'influx nerveux s'éveille pour laisser jaillir
en toi tel ou tel épisode de ta vie passée.
Alors
j'attends mon tour...
Qui
sait une photo, une odeur, une histoire, peut-être te mèneront jusqu'à moi...
avec une clé de secours.
Karen
Je suis le tiroir. Tout en paroles, tout en confiance
Je garde les secrets de la vie d’autrui et ceux de mon ami(e)
Parfois il fait sombre, parfois il fait trop gris
Je cache le plus noir, je fais silence de ces confidences
En mon sein, les douleurs, les couleurs se mélangent, se
réconcilient
Alors il n’y a plus de problème. Tout a été préservé jusqu’au
bonheur
Le calme est rétabli
Maintenant je peux m’ouvrir… et de nouveau m’offrir.
Attou
et Patricia
« Je
suis un tiroir »
Je ne suis pas commode, j'ai horreur du noir. Est-ce pour cela que
Séraphine a soigneusement rangé ses trésors d'enfants dans mon antre ? Je me
souviens encore du moment où elle a déposé délicatement ses colliers de
coquillages, ou encore ses petites dents de lait rangées dans une boîte rose en
porcelaine ayant sur le couvercle une souris grise, ou encore son carnet à
dessins ou elle expérimentait les mercredis après-midi toutes les techniques du
trait en passant du crayon de papier à la gouache...
Quand reviendra-t-elle ouvrir le tiroir de ses pensées ?
J'ai hâte de sentir son parfum de fleurs d'oranger et de prendre
la lumière. Je me sens tellement inutile dans cette obscurité.
Séraphine, j'ai tant besoin de toi et de tes confidences pour
exister.
Catherine
JE suis un tiroir
À ce qu’il parait, en France, on aime bien mettre les gens dans
des cases. C’est quelque chose qu’on entend souvent. Ainsi, on aurait telle
compétence une bonne fois pour toutes et impossible d’en acquérir une autre.
Tel comédien est un comique, donc il ne jouera que des rôles de comique ;
tel chanteur chante du rock et ne peut pas chanter du reggae etc …
Dans ce tiroir, par contre, il y a toutes les compétences de
l’humanité. On l’ouvre et l’on choisit ce qui nous plait. En fait il y a dedans
une baguette magique. On peut réaliser ce qu’on veut. C’est le tiroir de la
Liberté.
Michel
J’étais là pour garder les secrets, les mots froissés, les idées
jetées, les enveloppes déchirées. Autrefois, une main douce ou gantée
m’ouvrait, me fermait, m’ouvrait encore, me refermait. Et puis elle n’est plus
jamais revenue, une » autre main, brusque et musclée venait me remplir de
billets de train, de billets de banque, de billets de diligence… J’étais
devenue une sorte de poche inutile entre le costume et la corbeille. Le temps
passait et cette main-là est venue en moi une nouvelle fois, blessée,
sanglante, abîmée…Sur les vieux papiers
froissés elle a jeté un pistolet encore échaudé. Et puis les années ont passé.
Je sens le froid, l’humidité. Le meuble et moi sommes sans doute arrivés sur un
trottoir pour être jetés. Autour de moi, des gens parlent, chantent, boivent…
Soudain, une main sale m’ouvre et couche délicatement plusieurs canettes de
bière sur le papier et les billets moisis. Me voici sans domicile fixe, au
milieu des pauvres gens, une autre vie commence et je ne suis pas déprimé.
Alain
Chut !
Je suis un tiroir secret.
Chut, chut, chut...
Plein de malice, je cache dans mon double fond en afzelia bien des
souvenirs, parfois vermoulus par des histoires sans fin.
Mais ... Devinez ma cachette ? Car je me trouve vers...
dans une... derrière la …
Alors...
Promenez-vous dans les bois (lire en reprenant l'air de la
chanson), du plus tendre au plus dur. Furetez, ça et là, sentez- moi,
reconnaissez-vous l'essence de mon bois ?
Promenez-vous dans les bois, cherchez les jeux de couleurs
qui me caractérisent ? Qui vont de l'ocre clair au brun rouge.
Parcourez, longez le couloir, de part et d'autre, le chêne massif
impose sa noblesse, ne vous laissez pas impressionner, continuez...
Vous entrez dans l'antre du lecteur, plongé dans la pénombre. En
apparence banale, une centaine d’histoires, une bibliothèque, en hêtre ou ne
pas être ?
En apparence cent histoires, jusqu'au moment où votre index fait
basculer délicatement le livre de Gaston Bachelard, « Rêvons les
espaces ».
Soudain, un déclic se fait entendre, et… sans un bruit, un pan de
la bibliothèque s'ouvre sur...hum, une essence de bois tropical.
Vous connaissez ces jeux de couleurs, ils s’entremêlent,
s'enlacent au fur et à mesure que vous montez chaque marche de l'escalier en
colimaçon.
Approchez-vous, laissez votre regard s’attarder devant cette, ces
premières marches.
Oui, je suis peut-être là, trompe l’œil ou... bois fruitier,
essence du printemps.
Et non ! Ce n'est que ma représentation, habilement mis en
scène par votre esprit.
Continuez de monter...les marches… l'odeur qui se dégage du bois
de cerisier vous indique que vous êtes arrivez. L'intrus qui sort du bois
déclame des vers... Annelés, segmentés, prose ? Non, mésozoaires !
D’après citation de
Pascal Quignard : « être écrivain, c’est errer dans l’espace avec un
crayon »… De la place, de l’espace, de l’oxygène, j’étouffe !
Depuis qu’il
écrivait, il lui fallait de la place : de la place sur son bureau, petit
et envahi par les cahiers, les carnets, les livres, les photocopies et les
dossiersles crayons et les stylos.
Il en avait raturé
des feuilles et des feuilles, pour donner des noms à ses pensées.
Il en avait mélangé
des noms, des adjectifs, des verbes, des adverbes des locutions, des
compléments !
Il en avait exploré
des imaginaires. Il en avait survolé des
contrées. Avec les souvenirs de ses
voyages passés, il refaisait le monde, il recréait des mondes nouveaux, des
atmosphères étranges ou familières.
Mais ce jour-là, il
étouffait dans la moiteur de cette pièce exigüe où, d’habitude, ses rêves
n’avaient aucun mal à se parer de mots et de sonorités étranges.
Il décida donc de
sortir prendre l’air, l’air du temps.
Il avait à peine
franchi la porte qu’il s’aperçut qu’il avait oublié son carnet et son stylo
favoris. Mais il choisit finalement de les laisser à leur place, au chaud. Ses
yeux, son nez et ses oreilles lui suffiraient pour capter les sensations.
Les mots sauraient
ensuite trouver leur chemin dans l’espace infini de son esprit.
Colette
Espace est une partie de
Soi que l'on s’autorise à
Propager et à partager
Afin que son moi s'enrichisse de
Chaleur humaine et
Éclaire son âme pour le redistribuer.
Sylvie
Élégamment large, sournoisement petit,
Surface intime,
Partie d’un tout,
Abri ou extérieurs multipliés
Curieusement rétréci, curieusement grand
Enseveli à explorer, ou retrouver.
Patricia
Grace à l'imagination et le passage à travers le
cerveau, les choses auxquelles nous avons passé du temps, se transforment pour
être une nouvelle réalité, plus en phase avec l'évolution de l'homme et de sa
matière grise. Le temps est donc une matérialisation de la pensée humaine. Sans
l'imagination on ne parle plus de l’espace-temps, en conséquence, sans l'homme
le temps n'existe pas.
Sylvie
Es-tu venu me voir, toi le solitaire
Silencieux dans le sable, l’étendue infinie,
Partagée entre les hommes et les bêtes
Au-delà des villes enfermées, enfermantes
Contours infimes des sensibilités
Étrange terre offerte aux plus menacés
Alain
Extérieur, c’est le parc avec la neige
Soleil, les gens connus, inconnus,
Pour mieux connaître les autres
Alors les découvrir, les écouter, leur parler
C’est l’espace de l’humanité
Et des différences de chacun, sans les juger.
Yamina
« Être écrivain, c’est errer dans
l’espace avec un crayon… » Prêt
à tout noter, tout gratter, surcharger, noircir. C’est remplir l’espace de la
pensée, enchevêtrer des idées contradictoires, dépasser les oppositions
effrénées, dessiner l’incontournable, noter l’indéfinissable, ébaucher
l’impossible, recomposer la couleur du ciel ce jour de colère, ce matin
d’espérance, cette nuit de bonheur. Être écrivain, c’est aussi hésiter entre
les rires et les pleurs, la confiance ou le doute, le bavardage ou le silence
avec les mots pour le dire, les mots pour sourire, les mots gravés pour le
souvenir, la souvenance de l’errance, la mémoire des territoires, l’odyssée du
confié.
Le crayon fatigue
parfois, la main lasse, le cœur en berne, seuls les mots éclairent le devenir,
l’inattendu, le bout du chemin ; les mots comme des bouées de sauvetage
s’arriment à la rive, et crient : j’arrive !
Alain
-
J’ai six ans. Ma chambre est toute petite.
Elle contient un
oreiller plutôt grand, une paire de draps, très jolis, surtout quand ils sont
fleuris et parfumés et à l’intérieur mon petit ours blanc.
Une petite
couverture rose délimite l’autre partie de mon espace privé de petite fille
avec un épais édredon de plume en hiver.
Je résume, ma
chambre c’est mon lit en toile blanche sur cinq côtés. Il me protège la nuit de
la vue de mes parents qui occupent le centre de la pièce, à espace égal entre
le lit de mon frère et le mien. Il reste une place pour une ou deux chaises et
l’ouverture d’une grande fenêtre.
L’autre pièce de la
maison, c’est le territoire de ma mère. Non ! Pas la cuisine – le grand
cuisinier, pâtissier - c’est mon père. Le salon ou salle à manger le dimanche,
elle coud sur une grande table toute la journée et même souvent la nuit avec
une copine qui l’aide à finir les bâtis. Un buffet, énorme, occupe le reste de
la place disponible.
Pour les commodités,
ce n’est pas commode. Mon père utilise la salle de bains pour son travail de
coiffeur, les jours ouvrables et quelques fois le dimanche pour rendre service.
-
J’ai six ans, c’est la guerre dans mon pays, l’Algérie. Je dors dans l’abri
pour me protéger des bombes.
A 15 ans, ma
chambre, c’est toute ma liberté. J’ai beaucoup grandi dans ma tête. Je peux me
débrouiller toute seule. D’ailleurs mes parents ne vont pas tarder à me marier,
la même année.
-
L’année de mes 15 ans, j’ai enfin, mon coin personnel, une vraie chambre
spacieuse, à moi, pour moi, décorée par moi. Mais ma liberté ressemblait à une
parfaite inconnue, peu disponible. Juste un petit coin de rêve, blotti dans ma
tête qui s’amuse à m’épuiser. J’ai dû apprendre, tout doucement, brouillonnement
d’abord, puis méthodiquement avec un peu d’expériences et l’autorisation
parentale, à l’extérioriser.
-
Aujourd’hui, je vie en France et je suis une femme comblée. L’enfer de la
guerre ne me préoccupe plus, je l’ai éloigné, quitté pour m’approcher du
paradis. J’ai une maison, mes enfants et mes petits-enfants m’entourent. J’ai
de la chance, je voyage beaucoup…
J’ai vraiment oublié
l’Enfer, l’enfermement, bien que cette réalité n’était pas si terrible dans une
tête d’enfant car, je vais vous livrer un secret, après les bombardements, il y
avait la grande distribution de cacahuètes et de beaucoup de bonbons….
Patricia et Yamina
Entouré
de limites plus ou moins claires
Spacieux ou étriqué
Pleinement investi ou non
Apportant des interactions avec les autres et avec soi
Concentrant ses propres règles et politique
Exprimant toute la diversité humaine et naturelle
L'humanité est une partie limitée dans le temps et dans l'espace.
L'anthropologie permet d'étudier ses prémices, son évolution d'animal ;
mais quel est son devenir ? Celui qu'elle se réserve à elle-même entre
guerres et catastrophes écologiques. Quel espace est-elle en train de se créer,
pour ses générations futures ? Au-delà même des limites de sa Terre
d'origine, l'humanité essaie de les repousser, d'investir l'Espace avec un
grand E, celui qu'elle a déjà commencé à polluer aussi, avec une multitude de
débris de vaisseaux spatiaux. La Terre n'est pas extensible et l'humanité ne
cesse de se déchirer ; une partie d'elle nie même le réchauffement
climatique. Tels les singes de la sagesse qui se bouchent les oreilles, se
cachent les yeux et se taisent pour mieux ignorer la vérité d'un devenir
incertain à plus ou moins court ou long terme. Une partie de l'humanité
continue d'agir seulement pour les bénéfices pécuniaires de sa propre
génération.
Karen
« La mer est un espace de rigueur et de liberté » (Victor
Hugo)
L’espace de la mer est vaste, il représente à peu près 70 % de la
terre, il attire, il fascine, il fait peur.
On l’aime lorsqu’on est à ses limites, au bord de la plage.
On le déteste, lorsqu’il nous prend quelqu’un qu’on aime, par noyade.
Si on n’est pas rigoureux, on peut y rester.
Cet espace me parle beaucoup car ma ville natale est au bord de la mer
et mon père a côtoyé la mer tout au long de sa vie car il était marin-pêcheur.
Fatima Abou-Madi
Plus le corps est une limite consciente, plus
l'espace est illuminé.
" Barrière ou vitesse "
La barrière sert à glisser la voiture comme un
pont, il faut donc ralentir pour passer. La vitesse sert à glisser l'espace
dans le temps en accélérant le pas produit par la boîte de vitesse.
Ainsi, ces deux extrêmes du point-mort à une
plus grande vitesse permettent de s'acquérir limite et frontière, visant ce
rapport entre grandeur de la vitesse et la caricature d'une barrière
anti-vitesse qui finalement sécurise la voie empruntée de cette voiture ainsi
pas grandement perturbante.
Il y a donc liaison discrète des deux aspects.
Bref, pouvoir c'est comme " recevoir ".
Kamel
« L'ESPACE »
Citation de Michel Berger :
« Plus on avance, plus il nous faut d'espace, à
force de manquer d'air, il nous faut le paradis pour oublier l'enfer. »
Plus on avance, plus il nous faut d'espace, d'espace ?
D'espace… pour… Se tromper de chemin, fuir le réel, mais tous les chemins
mènent au paradis. Qu'il soit artificiel, pour enlacer nos corps et charmer nos
esprits, il se déguise à souhait. Sous ses grands airs d’éden, usurpateur de
génie ? Pourrait-on se pâmer juste pour un peu d'air empoisonné teinté
d'ivresse éphémère ? Mon grain de folie anime ma vie, la rend jolie,
éclair mes nuits, inspire mon paradis. Mes sensations haptiques me propulsent
vers lui. Mon grain de folie en apesanteur, m'enivre de joie pour changer de trajectoire !
Perchée sur la roue du temps, je m'envole, m'envole, à
contre-courant pour réinventer l'air du temps. Pour ne plus manquer d'espace,
de rêverie poétique, j'ai décidé du temps à venir...
Je ne retiens plus le temps d'explorer.
J'ai osé dégommer le trou noir pour passer de l'autre côté.
Je refais résonner le plaisir de mes passions pour que mon paradis
ne manque plus d'air ! Depuis, je fais des allers-retours vers l'infini,
pour ne plus manquer d'espace...