Proposition d’écriture à distance du  23 avril 2021


                                         Photographie Patricia Baud

Ancrée dans le Siècle des Lumières, cette nouvelle exposition de Patricia Baud sera présentée en Cévennes durant l'été 2021 dans le cadre de la septième édition du Festival :
Les Chemins de Tolérance, Les Lumières en Cévennes.

"Cette présentation singulière souhaite faire découvrir ou redécouvrir les inventeurs et les inventions majeures du XVIIIème siècle, dont la plupart ont eu une forte répercussion, par évolution des intentions et des procédés jusqu’à la période contemporaine.Panneaux de textes illustrés et photographies tentent également de jeter des passerelles entre les deux périodes, par rapport aux origines des inventions et de la démarche politique et scientifique.
Élément à part entière de notre culture commune et de nos références identitaires, l’évocation de ces découvertes scientifiques et techniques nous éclaire sur l’évolution de notre monde contemporain, et particulièrement au moment où celui-ci semble nous échapper dans un contexte débridé totalement technologique.

Patricia Baud

ter le nouveau projet Culture et Lien Social 2021-2022
Voyages en grande terre
Portes des découvertes

Nous ouvrons la première thématique du projet sur le sujet suivant :
Une civilisation qui nous a construit, et nous vous proposons de partir
de la photographie et de l'affiche de la dernière exposition de Patricia Baud :

Engrenages, Évolution machinale
Pour arpenter les relations de l’humanité
et ses inventions, les machines

Elles nous entourent et souvent régulent notre quotidien.

La technologie aurait pour finalité de libérer les femmes et les hommes de nombreuses contraintes, mais à notre époque, la question et les peurs qui se posent aussi sont celles d’un remplacement possible de l’homme, de son travail, de sa création, par la Machine ?

Citations d'écrivains

Faut-il que les hommes soient bêtes de fabriquer des machines pour se tuer...
Comme si on ne claquait pas assez vite tout seul !
Alphonse Allais, artiste, comique, écrivain, journaliste (1854 - 1905)
 
La vie tumultueuse est agréable aux grands esprits ; mais ceux qui sont médiocres n'y ont aucun plaisir, ils sont machines partout.
Blaise Pascal, mathématicien, philosphe, physicien, théologien... (1623 - 1662)

Les machines un jour pourront résoudre tous les problèmes,
mais jamais aucune d'entre elles ne pourra en poser un !
Albert Einstein, mathématicien, physicien, scientifique (1879 - 1955)
 
Les tentatives de création de machines pensantes
nous seront d'une grande aide pour découvrir comment nous pensons nous-mêmes.
AlanTuring, mathématicien, scientifique (1912 - 1954)
 
Peut-être la bicyclette, dans ce monde de machines, était-elle à nos yeux une héritière
du cheval ? Jean D'Ormesson, académicien, animateur, artiste, chroniqueur, écrivain, philosophe, romancier (1925 - 2017)
 
La civilisation a pour but, non pas le progrès de la science et des machines,
mais celui de l'homme.
Alexis Carrel, biologiste, chirurgien, médecin, scientifique (1873 - 1944)
 
Deux mains jointes font plus d'ouvrage, sur la terre,
Que tout le roulement des machines de guerre. Victor Hugo, artiste, écrivain, poète, romancier (1802 - 1885)
 
Le Capital mourrait si, tous les matins, on ne graissait pas les rouages
 de ses machines avec de l'huile d'homme.
Jules Vallès, artiste, écrivain, homme politique, journaliste (1832 - 1885)
                                                                                                        Propositions d’écriture
 Exercice 1 : Un texte libre inspiré par la photographie présentée, son titre et ses évocations possibles…
Exercice 2 : À partir d’une des citations ci-dessus, comme un incipit…
Exercice 3 : Témoignage et fiction sur vous et les machines qui vous entourent,
Et vous captivent ou vous conditionnent….

   PARTANT DE LA CITATION D'ALEXIS CARREL : / Kamel Izemrane

Les machines servent l'homme par sa production et la science, cette science, nous permet d'évoluer et d'innover. Elle possède un sens technologique afin de penser autrement et d'ouvrir d'autres portes vers un monde nouveau.
Pour les générations nouvelles, elles les approvisionnent selon leurs critères de cette nouvelle ère. Plus les années passent, plus le robotisme devient très machinal et original. Il nous permet de nouveaux accès vers des mondes plus frais et tentants, des horizons plus fins.
C'est comme un destin imposé par l'homme par son culte égoïste. Il se renvoie l'appareil ou l'ascenseur en s'interpellant de toute cette machinerie crée par et pour lui-même et évoque ainsi une communauté plus renommée et plus civilisée.
Ainsi, les enfants de la Terre vivent harmonieusement et ensemble.

  LES RAPPORTS DE L'HOMME A LA MACHINE/  Joël Hennequin

Pour moi le problème du rapport de l'homme à la machine est intimement lié au progrès, au choix économique de société, à l'augmentation de la population mondiale. Les machines sont-elles source d'aliénation ou de liberté, de bonheur pour l'homme ?
Peut-on échapper à la société de consommation, à l'économie de croissance ?
Certains films de science-fiction ont une tonalité prophétique qui laisse à penser un devenir robotisé pour l'être humain. On en parle fréquemment. Peut-on concevoir une humanité sans machine, a-t-on besoin de machines pour mieux vivre ?
Pierre Rabhi, agriculteur, écrivain, penseur français d'origine algérienne qui défend l'idée d'un développement de l'agroécologie à travers le monde, écrit :
"Lorsque l'on fait l'inventaire des fonctions déjà altérées pour les machines cela ne peut qu'effrayer. Il ne s'agit pas de SATANISER ces innovations mais de les MAITRISER suffisamment pour qu'elles restent des outils subalternes et auxiliaires au service du vouloir humain et non l'inverse. La nature et l'homme doivent avoir le dernier mot."
 Je partage complètement cet avis de façon générale et dans ma vie personnelle. La machine est bénéfique quand elle supprime des tâches répétitives ou sans intérêt, mais peut paradoxalement conduire au contraire et conduire à des cadences infernales, l'exemple des chaînes de construction des voitures avant le développement de l'informatique.
Le pouvoir que semble offrir la technique est-il sans limite ? Doit-il être sans limite ? La machine supprime peu à peu l'artisanat, les savoir-faire ancestraux Jusqu'où peut-on aller ? Où veut-on aller ? Avons encore le pouvoir de changer les choses ou de les diminuer ?
Mon téléphone portable est très utile, très pratique, avec diverses fonctions (GPS, messages, comptes bancaires, paiements, musique, films, réseaux sociaux…), mais ce nouveau téléphone que l'on m'a offert à Noël plus perfectionné en avais-je besoin ? Et dans deux ans, après de vrais ou de fausses améliorations, sera-t-il nécessaire de le changer de nouveau ?
Et cette robe, ce jean, alors que le placard est plein ? Cernés par les publicités, la mode, faire comme les autres pour ne pas être un ringard, nous cédons à des tentations, quitte à les qualifier de nécessaires pour les rendre plus légitimes. Bien sûr il faut acheter pour créer des emplois, bien sûr la vie est triste si nous ne satisfaisons que nos besoins vitaux.
Pour moi la bonne attitude au niveau personnel est de consommer avec modération les machines, les objets qui nous entourent, ne pas en devenir esclave, complètement dépendant.
J'aime écouter de la musique, en conséquence l'ordinateur et le téléphone sont des progrès que j'apprécie, mais j'essaie de me limiter en nombre d'heures journalières d'utilisation. En promenade, en voiture, avec des amis, je le coupe. J'ai vécu cinquante ans de ma vie sans ces machines, je n'étais pas malheureux, et j'ai vécu. Par exemple le GPS, c'est génial, mais si j'oublie, je perds mon téléphone ou il y a un bug, vais-je pouvoir m'en sortir ? Saurais-je utiliser une boussole, me repérer ? Est-ce que nous sommes plus heureux en 2021 avec nos machines qu'en 1965 ?
Les machines peuvent-elles remplacer les relations sociales, les rencontres réelles humaines, apporter un bonheur supérieur à la réflexion philosophique, aux croyances religieuses, au plaisir de faire soi-même avec ses mains, ses compétences personnelles, ses acquis familiaux, son hérédité ?
Markus Gabriel (auteur du livre Pourquoi la pensée humaine est inégalable, la philosophie met l'intelligence artificielle au défi) :
" Si nous ne voulons pas devenir les victimes de la numérisation, si nous refusons de nous muter en junkies désespérés de l'info ou en zombies technologiques, il faut que nous EXORCISIONS nos gadgets technologiques et les dépouillons de cette croyance en leur toute puissance.
Mon épouse a acheté un Megamix, c'est super, il peut tout faire en matière de recettes, de jus de fruits, et en un temps record, il suffit de mettre les bons ingrédients dedans et vogue la galère !
Oui, ça présente des avantages, mais que va-t-on transmettre à nos petits-enfants en matière de recettes, de plaisir de faire des essais ensemble, de mélanger la pâte, de rigoler si on se rate ?
La voiture c'est super, indépendance, voyages, mais suis-je obligé de la prendre pour aller au boulanger à quinze minutes de mon domicile ? Certaines machines sont plus qu'effrayantes, elles sont destructrices.
La course aux armements est très dangereuse pour l'existence humaine.
En matière de santé, les machines ont apporté d'énormes progrès et l'intelligence artificielle devrait encore en apporter de nouveaux. Mais est-ce raisonnable, poussé à l'extrême que le diagnostic, une opération, une décision médicale ne dépendent que d'algorithmes, de statistiques, le médecin ou le chirurgien n'obéissant qu'aux résultats indiqués par son ordinateur ?
Je crois aussi à l'intuition, à l'expérience personnelle et pense que dans certaines situations la machine n'auras pas de solution ou mettra trop de temps pour réagir, ou sera face à un cas non prévu et là, seul l'homme avec son génie, son courage, sa motivation, son envie de sauver une vie humaine pourra faire face et apporter une réponse adéquate.
En conclusion et résumé, Je pose beaucoup de questions, je n'ai pas toutes les réponses, je pense que l'on ne peut pas revenir en arrière, que les machines ont, apportent et apporteront encore plus dans l'avenir à l'homme, mais qu'il faut que l'homme reste maître de la situation, ne développe pas pour développer, ne devienne pas esclave de la machine, abandonne la course aux armements, réfléchisse à une autre manière de vivre, de préserver la nature, les relations sociales, l'amour, la philosophie .
Un rapport éthique à la machine me semble nécessaire, tant au niveau général de l'organisation de la société, qu'au niveau de la vie personnelle de chaque individu.
 
   LE PROGRÈS DE L’HOMME    / Cécile Hamy
 
La civilisation a pour but, non pas le progrès de la science ? mais celui de l’homme.
                                                                                                                Alexis Carrel
 
L’extension de la civilisation fut jalonnée de trouvailles scientifiques et technologiques. Nous sommes passés du tout primitif au tout numérique. Entre temps, l’équilibre humain a traversé diverses zones de conforts. Cela dépend encore de là où nous vivons.
Et l’âge de la mort a reculé...
Nous sommes dans un enthousiasme de découvertes dans les sciences, la nanotechnologie par exemple, la conquête de l’espace.
Que dire des essais fait sur le clonage et les résultats qui en ont découlé. Ou encore de l’intelligence artificielle...
Tout cela peut paraître effrayant surtout que nous ne maitrisons pas tous les processus.
La civilisation s’est éloignée de sa quête de sens et a fourni l’effort dans l’espoir de faciliter sa vie sans se soucier d’autres choses que la forme de l’homme.
L’homme dans son histoire est bien trop terre à terre. Il y a, en chaque être, une lumière, la vie, une âme qui réside.
Le travail le plus laborieux est bien de se faire face, jusqu’à obtention d’un accès au Soi.
Le progrès de l’homme par la civilisation demande une intériorisation des individus, jusqu’à extraire la quintessence de l’harmonie en ce monde. Ce qui permet d’orienter ses actions dans le bien collectif.
 
Il y a de tout pour faire un monde, la science nous a apportés tant de soulagements mais aussi tant de frayeurs, à quand la levée de conscience ?
 
 
  HOMMES & MACHINES / Colette Pichon
 
Faut-il que les hommes soient bêtes de fabriquer des machines pour se tuer...
Comme si on ne claquait pas assez vite tout seul !
Alphonse Allais
 
Alphonse Allais se posait déjà la question en ce 19ème siècle, alors que Messieurs De Dion et Bouton créaient leur machine infernale en 1889, le « Vis-à-Vis » appelée aussi « la Petite Voiture », ceci peu après que « la Rapide » qui pouvait monter jusqu’à soixante kilomètres par heure soit inventée par Alain Bollée.
Tout cela nous fait sourire en ce 21ème siècle où l’on pense à coloniser Mars !
Alors, faut-il vivre dangereusement ? Faut-il pousser à l’extrême les inventions ?
On peut penser que oui, à l’heure de la conquête de l’espace.
Mais il est facile d’imaginer la peur qu’au 19ème siècle, représentaient les bolides capables de vous emmener là où les chevaux seuls le faisaient aussi bien. D ‘ailleurs ne mesure-t-on pas la puissance d’un moteur en nombre de chevaux ? En tous cas, Alphonse Allais n’aurait en aucun cas emprunté l’un de ces véhicules infernaux, à bord desquels il aurait trop craint de passer de vie à trépas.
Mais n’a-t-on pas à chaque époque pris de risques pour faire avancer les inventions et le progrès ?
Depuis que la roue a été inventée, combien de véhicules ont-ils été imaginés, dessinés, construits, leurs inventeurs dénigrés et traités de fous ?
Mr Alphonse Allais aurait tout aussi bien pu mourir d’apoplexie ou d’angine de poitrine, que par accident, à bord d’un de ces engins dont il contestait l’utilité, et « claquer tout seul », pour reprendre son expression…
Et si on nous proposait un voyage sur Mars, que dirions-nous ? Non au progrès menaçant nos valeurs et fragilisant notre existence morne et sans intérêt ? Ou oui à la découverte et à l’épanouissement ?
Il faut assurément un grain de folie pour inventer toutes sortes de véhicules motorisés terrestres ou aériens, de la mobylette au TGV, des avions aux navettes spatiales et cheminer ainsi sur des chemins détournés, à défaut des sentiers de la gloire.
Et selon l’une des maximes d’Alphonse Allais : “Une fois qu’on a passé les bornes, il n’y a plus de limites.”
Merci Monsieur Alphonse, d’avoir mis de l’ironie dans vos textes et de nous faire voyager par les mots, sans risque de se retrouver sur le bord de la route, sauf celle de l’imaginaire.

 

À CE JOUR MA VOITURE M'EST DEVENUE INDISPENSABLE / Sylvie Pétel


Aujourd'hui ma voiture est devenue indispensable.
Ma famille habite à Soissons, en Picardie, j'ai encore ma tante, du côté de ma mère, un oncle et une tante, du côté de mon père à Vasseny, là où mon père vit toujours.  
Je vais régulièrement me recueillir sur la  tombe de mes deux grand-mères et de ma propre mère, décédée en 2012 d'un cancer du poumon.
Pour leur rendre visite, j'utilise ma voiture et grâce au GPS et à la nationale 2 que je suis jusqu' à Soissons, la route est très directe et possède quatre voies sur tout le trajet.
Effectivement, j'éprouve régulièrement le besoin de me ressourcer auprès de ma famille, et notamment avec ma marraine Jocelyne qui me donne beaucoup d'amour.
Ma voiture me sert aussi à véhiculer mes courses et à transporter les personnes qui participent à l'atelier écriture et ne possèdent pas de moyen de locomotion nécessaire pour se rendre dans la salle qui nous a été attribuée par la mairie de Torcy.
Je sais que ma voiture est toute cabossée, mais elle me rend de nombreux services à moi et aux autres patients de l'hôpital de jour en psychiatrie où nous sommes inscrits.
Il faut d'ailleurs que je rende visite à mon oncle qui  vient dernièrement de se faire changer une valve cardiaque. J'aimerais pouvoir lui rendre visite si la pandémie me laisse un petit espace d'opportunité…
J'aimerais aussi voir mon cousin qui vient d'avoir une osthéo-synthèse du genou.
Si on me prive de ma voiture, ce serait comme si on m’arrachait le cœur !
Ne plus être autonome serait une catastrophe pour moi et pour le reste de ma famille.

 

SANS L'HOMME, LA MACHINE N'EXISTERAIT PAS ! Noëlla Redais
 
Elle prend souvent le relais pour maintenir et sauver la VIE de nos êtres chers, de ma petite fille Alice-Fleur.
Merci à l'équipe réactive et professionnelle des urgences pédiatriques de l'hôpital Robert Debré.
Leur écoute active a permis d'établir le bon diagnostic.
L'attitude bienveillante et empathique des médecins, m'a invité à exprimer mes émotions, sans me juger, sans me culpabiliser, sans....
Notre prise en charge et leurs soutiens, 
m'ont aidé à décupler cette force intérieure pour 
être en capacité d'accompagner, ma petite Fleur, pour le meilleur.
 
" Quand l'ombre révèle la lumière, 
La couleur apparaît"
 
Mardi 6 décembre 1994
C'est la nuit, tu n'as que quelques heures, mon p'tit Cœur.
Je me réveille en sursaut, je ressens que tu t'en vas...
 
15 jours plus tard
C'est l'après-midi, tu es dans ton landau. Nous revenons d'une petite promenade, en passant devant la clinique de Brou-sur-Chantereine.
Je me penche vers toi et...
Tu n'as plus de couleur...
 
Deux mois plus tard.
Samedi soir.
Depuis deux jours, nous sommes à l'hôpital de Lagny sur Marne.
Tu pleures, on ne t'écoute pas !
Tu pleures encore, on ne m'entends pas !
Tu pleures toujours, criant ta souffrance, lasse, si lasse...
" Écoutez, c'est le weekend......"
Tu serres mon p'tit doigt, je te comprends.
En pleine nuit, je signe une décharge.
" Avec ce que cela implique", on s'empresse de répliquer, rétorquer, nommer...
Je t'embrasse, t'enveloppe, te caresse, et murmure...
 
Tu VIVRAS !
Direction, Robert Debré, ta main dans la mienne.
Je te serre fort, Alice.
On t'emmène en toute hâte.
Tout s'éclaire.
Un regard, on m'appelle, c'est vital, Maman est là...
Toujours là.
 
Ta petite berceuse 
🎶🎵. Dors, dors ma petite fille.
             Dors, dors mon petit bébé.
 
Le soleil s'en est allé
à cheval sur une chèvre.
Le soleil viendra demain,
à cheval sur un poulain.
 
Dors, dors ma petite fille.
Dors, dors ma petite Alice. 🎵🎶
 
🎶🎵 Dors, dors ma petite fille,
           ta p'tite main lovée dans la mienne, j't'aime Alice.
🎵🎶Dors, dors mon petit bébé,
          je fredonne ta berceuse pour ne pas sangloter.
🎶🎵Le soleil s'en est allé,
          tu es cyanosée !
🎵🎶 À cheval sur une chèvre.
           Promène- toi jusqu'aux aurores boréales,
           sur le manège du bestiaire.
🎶🎵 Le soleil viendra demain,
           Illuminer l'espoir des jours incertains
 🎵🎶 À cheval sur un poulain,
            t'insuffler la force, pour retrouver ton chemin.
🎶🎵 Dors, dors mon p'tit cœur, ma p'tite Fleur.
           Le moniteur s'affole, la lumière clignote, je pleure.
🎵🎶 Dors, dors, je t'aime ma petite Alice,
           RESPIR R R R R R R R R
 
"Quand l'ombre révèle la lumière, 
la couleur apparaît"
 
Bisous, câlins, bisous, enfin je peux sentir ta peau rosée.
" Toucher massage", "peau à peau", nous réunis, nous unis, nous relis.
Doucement tu revis.
 
 Je t'aime, Alice-Fleur 

MACHINALEMENT, SI LA MACHINE TE CROQUE… / Alain Bellet
 

Texte libre inspiré par la photographie présentée, son titre et ses évocations…

Dans d’impressionnants craquements suraigus, la ferraille commençait joliment à muter. Désormais, de printanières couleurs la tapissaient d’une robe d’avant-saison avec la délicatesse d’une ogresse qui aurait tout écrasé dans la grande boutique de porcelaine émaillée. Là même où des géants de lune venaient s’achalander en poussant des wagonnets infernaux marqués de grandes lettres rouges. Wagons de vie, charriots de mort, les lourds engins rangeaient à leurs façons les restes de mémoires humaines enchevêtrées, suspendus sur les parois de l’immense édifice. 
Il se disait partout que les machines étaient devenues folles, et affichaient avec ostentation leur indépendance destructrice avec une candeur démesurée.
Certains murmuraient même que ces couleurs inattendues imposaient un doigt de poésie au sein d’un univers de grisaille et d’un trop-plein de fumées mêlés.
Pour les adeptes inconditionnels de la magie des pastels, le bleu et le violet indiquaient l’espérance. Désormais, celle-ci accompagnait un long filet de verdure glacée, lancé, telle, une météorite, à l’assaut des échelles métalliques où les pompiers des hommes ne se risquaient plus à l’exercice depuis longtemps.
Tout semblait gigantesque et l’usine du diable continuait sa lente digestion quotidienne, crachant des volutes de fumées grises et blanches au diapason des travailleurs qu’elle avait engloutis sans appétit depuis des générations.
Habituellement relégué devant la petite fenêtre rectangulaire, le guetteur au visage gris et poussiéreux avait disparu dans l’engrenage colorisé.
Était-ce lui, ce mutant prolifique qui avait été chargé d’inonder le monde d’une colorisation distillée à l’arrachée ? La machine dévorait tout sur son passage, et notamment les livres qu’elle exécrait par leur propension et leur appel continuel à la rêverie, mère matrice, s’il en était, de la vacuité, des vices, et de l’abandon des rythmes nécessaires au travail.
Depuis plus de deux siècles, l’ogre de fer avait grignoté la vie, au gré des cadences voulues par la grande Chefferie industrielle. Depuis des générations, les humains avaient grimpé dans les charriots du temps à gagner pour la félicité d’une jouissance promise et d’un pouvoir de vie plus facile à accumuler. Était-ce là le progrès que les hommes avaient appelé de leurs vœux trop naïfs ? La grande machine en avait croqué des milliers, des paltoquets trop faibles offerts à l’aventure de l’incandescence outrée. La guerre du feu avait été gagnée, puis perdue, dans des rêves de douces chaleurs fécondes. Améliorée, domestiquée, devenue plus savante et moins agressive, la croqueuse machinale avait progressé sur les routes de meilleurs rendements à offrir à qui la possédait, du moins à ceux qui estimaient pouvoir la posséder, à leur gré. N’était-ce pas elle qui désormais possédait le vivant après l’avoir rendu esclave de ses sautes d’humeurs, ses fumées et autres facéties de son âme trop noire ?
AB 29/04/2021