Proposition d’écriture à distance du 20 novembre 2020
 
Walter Benjamin, voyageur parisien
Walter Benjamin, voyageur parisien, est un philosophe, historien de l’art, critique littéraire, critique d’art, traducteur de Baudelaire, né en 1892 à Berlin et mort en septembre 1940 en Espagne. Allemand d’origine, il voyage plusieurs fois à Paris et y séjourne pour réaliser son grand projet : une vaste enquête sur le Paris du XIXème siècle. Son suicide en 1940 mettra un terme à ses notes.
Ce qui fascinait particulièrement Benjamin, c’étaient les passages couverts de Paris, les premières galeries marchandes. Une innovation parisienne du XVIIIème siècle, avant nos grandes surfaces. Il découvre ces temples de la consommation, d’abord à travers les clichés de la photographe allemande Germaine Krull (1897-1985), grande voyageuse et reporter, correspondante de guerre en Indochine…
 
Bibliographie de Walter Benjamin :
“Le livre des passages. Paris capitale du XIXème siècle
Proposition d’écriture :
 
Nous sommes tous allés faire nos courses dans un supermarché, fréquenté des grandes surfaces, racontez…
Deux propositions :
            1) D’une manière burlesque ou humoristique, vous racontez une petite histoire qui se passe dans un supermarché au “je” ou au “il”, témoignage ou purement imaginaire ?
            2) Un conte fantastique où tous les acheteurs et/ou objets de la grande surface se mettent en scène d’une manière merveilleuse, humoristique…
 
HUMOUR : Forme d’esprit qui consiste à présenter la réalité de manière à dégager les aspects plaisants et insolites.
GROTTESQUE : Risible par son apparence bizarre, caricaturale. Synonyme : Extravagant
BURLESQUE : Vient de Burlesco : la plaisanterie
D’un comique extravagant et déroutant. 
D’une fantaisie bouffonne et souvent outrée.
Style ou genre dont le comique provient d’un contraste entre le style familier, trivial et le sujet noble, héroïque. Se prête à des personnages dont les actions sont ridicules et les paroles grossières.
 Ce sont des pistes à explorer mais libre à vous de vous faire plaisir en retraçant un épisode de courses héroïques ou bouffonnes en grande surface.
Pour se distraire un peu…

COUP DE FOUDRE AU SUPERMARCHE / Alix

 
A la fin du déconfinement, Michael, un étudiant en médecine à Paris, fait ses courses au supermarché. Plus rien dans le frigo et les fêtes de fin d’années arrivent. Le supermarché n’est pas loin de chez lui, un T2 confortable en duplex. C’est bientôt Noël et il s’apprête à le fêter seul. Originaire de Lyon, toute sa famille est là-bas. Pour ses révisions pour ses examens, Michael préfère ne pas bouger de chez lui. Bien qu’il ne craigne pas la solitude, il maudit qu’en plus, sa voiture soit au garage. Michael ne fume pas, ne boit pas, et adore comme les enfants le chocolat chaud et les bonbons. D’ailleurs sur sa liste de courses, c’est souligné, les bonbons.
 
Une fois descendu, devant le supermarché, il y vit une foule et une longue file de queue. La patience n’est pas son fort, mais il prit son courage à deux mains.
Devant lui, il y avait une femme aux cheveux très court, habillée simplement avec une écharpe d’Harry Potter : la maison de Gryffondor rouge et or. Comme la vie est bizarre, lui ce matin, il hésitait entre deux écharpes et avait fini par prendre celui de Serpentard de couleur vert.
De nature timide, pourtant ce jour-là, il aborda la jeune femme et lui dit :
- Bonjour, vous aussi êtes fan de Harry Potter, à ce que je vois ?
La femme au regard intense et mélancolique à la fois, ne comprit pas tout de suite. Elle enleva ses écouteurs, et le fit répéter.
- Oh oui, Monsieur, excusez -moi, j’écoutais de la musique.
- Il n’y pas de mal à cela, vu le temps qu’on va mettre à attendre.
Vous écoutez quoi sans indiscrétion ?
- Du ACDC dit-elle avec gêne.
- Wouah, s’exclama-t-il, vous avez du gout.
Plus le temps passait et plus ils discutèrent de tout et de rien. Des rires s’enchainaient sur des anecdotes, à propos de tel ou tel film. Michael apprit son prénom : Améthyste, il en fut charmé. Charmé aussi, qu’elle soit éducatrice pour enfants autistes, et qu’elle habite dans la rue d’en face…
Puis ils arrivèrent devant l’entrée du magasin. Mickael lui proposa de continuer leur conversation à l’intérieur. Elle en était toute ravie.
Plus ils cherchaient à se connaitre, plus ils s’appréciaient. Dans les rayons, dans leurs achats, ils avaient le même gout. En revanche, au rayon PQ, elle prit triple épaisseur tandis que lui, le moins cher possible mais de grande quantité.
Tandis qu’ils discutaient, il lui demanda :
- Quelle est votre plat préféré ?
- Je n’en ai pas, j’aime manger ! répondit-elle en riant.
- Moi, ce sont les lasagnes, lui dit- il.
- Oh oui ! Comme Garfied, le chat ! C’est délicieusement gras, ça. Et ils sourirent ensemble.
Enfin en caisse, croyant qu’ils étaient en couple, la caissière scanna tous les articles. Et eux, comme ils parlaient et étaient dans une bulle, ils n’avaient pas fait attention à ce qui se passait.
Pour aller plus vite, Améthyste proposa de tout payer et qu’il lui fasse des lasagnes.
Il fut agréablement surpris et accepta. Ils s’échangèrent leur numéro, et rentrèrent chacun de son côté.
 
Le cœur léger, Michael n’allait pas être seul le soir de Noël, il se dit amoureux au premier regard, mais était-ce réciproque ?
Il s’en foutait. Il avait envie de la revoir le plus vite possible.
Arrivé au tournant d’une ruelle, il aperçut un fleuriste et avec l’élan du cœur, il acheta des violettes et courut les apporter devant chez elle.
 
Améthyste, étonnée de sa fougue, lui rappela qu’elle avait un passé difficile avec les hommes … Mais elle lui dit doucement :
- Merci pour les violettes, couleurs améthyste… Je vais réessayer à profiter de la vie, car j’ai passé un moment exquis en ta compagnie.
Alors qu’elle n’aime aucunement discuter d’elle avec un inconnu, au supermarché qui plus est.
- Viens monte, je vais te présenter mon bébé.
Michael eut un moment de crainte.
- Je te rassure, c’est mon chien, un chiba… Il s’appelle Smaug ! je dois le sortir.
- En plus tu es fan des Seigneurs des Anneaux, wouah ! Je t’aime déjà ! dit-il en plaisantant, mais il le pensait.
 
Ils déposèrent les fleurs, promenèrent le chien toute l’après- midi…

PETITE HISTOIRE BURLESQUE DANS UN SUPERMARCHE/  Colette
 

Aglaé faisait ses courses en vitesse avant l’annonce officielle du confinement Mais la nouvelle avait fuité et il y avait beaucoup de monde s’empressant d’entasser les paquets de pâtes, sucre et barquettes de viande sans oublier le gel, les lingettes et …papier toilette. Il lui fallait peu de choses, vu qu’elle allait plutôt dans les petits commerces.
Mais là, sa librairie était fermée comme tous les lundis et surtout elle ne faisait pas de système de précommande.
Aglaé voulait du rêve, de l’évasion, des émotions. Elle trouva vite ce qu’elle cherchait, juste derrière les best- seller habituels dont elle n’avait que faire.
Elle avait déniché un roman au titre prometteur : « les crayons de couleurs », ça tombait à pic avec toute la grisaille ambiante.
Un roman de Franck Bouysse qu’elle adorait et qui la surprenait à chaque lecture, parce qu’un bon roman noir, ça faisait oublier la noirceur de la vie réelle parfois ; elle prit deux autres ouvrages abordant ses thèmes de prédilection : l’entraide, et le voyage puis une romance, ç’était parfait dans cette période de chacun pour soi. Elle ajouta un essai sur les liens inter-générations et un album de coloriage créatif.
Elle allait les poser dans son panier quand une vieille mémé l’agressa verbalement : 
    - Qu’est-ce que vous foutez dans ce rayon c’est des pâtes et de l’huile qu’il faut acheter, allez virez moi de là, vous encombrez l’allée !
Aglaé la regarda éberluée. Elle lui fit remarquer en souriant que :
    -1 Elle n’avait que son panier posé gentiment à ses pieds et ce n’est pas lui qui encombrait l’allée ! 2- Elle n’avait pas à lui dicter ce qu’elle devait acheter. 3 - à son âge avait-elle vraiment besoin des dizaines de paquets de pates et les six barquettes de viande ? Pensait-elle aux femmes qui élevaient de grandes familles et qui risquaient de trouver les rayons vides le soir ou le lendemain ?

Mais la mégère continuait à soupirer et à la regarder méchamment, elle perdait patience en même temps que son souffle, faisant de grands moulinets avec ses bras jusqu’à tomber en arrière juste sur le bord du caddie d’un brave homme qui souriait en découvrant la scène.
Aglaé se retenait de rire elle aussi et elle était tentée de filer sans prêter main forte à l’homme pour relever la harpie, car, Covid oblige, ils n’étaient pas tenus de la toucher et auraient pu la laisser agoniser au milieu de la ronde des chariots, certains circulant à vive allure, pour lui apprendre le savoir- vivre et le partage.
Mais l’un comme l’autre étant des gens gais et compatissants, ils relevèrent donc la vieille femme non sans commentaires :
    - Madame, la prochaine fois, pour faire vos courses, mettez un casque !
    - Et surtout, n’oubliez pas de rêver, ça fait du bien, mieux que votre Paris Match ! »
Aglaé alla remplir son panier de quelques vivres, et passa à la caisse avec ses livres, le sourire aux lèvres, impatiente d’y puiser de l’énergie, de s’évader, de voyager. Le soir, regardant le discours morose du Président, elle sourit quand il parla des produits non essentiels. Elle, elle avait fait provision de bonheur !

DIALOGUE ENTRE ARTICLES/  Colette
 

  • Au rayon Savon, c’est le désert, et Dentifrice et Brosses à dents sont un peu inquiets :
  • - Eh tu as vu à côté ? Je n’ycomprends rien, d’habitude avant le vendredi soir ce n’est pas au Savon qu’y avait plus rien en rayon, c’était plutôt chez les Bières !
  • - Ben oui, t’as raison, moi j’ai cru qu’ils allaient se jeter sur Gel douche, mais bon ce n’est pas le même prix !
  • - Oui, mais que veux-tu,  ils vont quand même pas se désinfecter avec de la bibine, vu qu’y a plus de gel hydromachin non plus !
  • - Mais qu’est-ce qu’y se passe au juste depuis des mois ?
  • - Ben y parait qu’y a une pandémie, c’est quoi c’truc ?
  • - Moi j’ les entends  tous parler de  vaccin,… Ben y vont pas quand même le faire avec du Colgate ou du Sensodyne !
  • - Ah ça tu n’en sais rien, maintenant on voit de tout ; au fait, j’ai vu une vieille qu’avait 5 paquets de 24 rouleaux de PQ !
  • - Ah la vache, la pandémie, ça doit bousiller les intestins !
  • - Surtout, y ‘en a plein qui disent que c’est à cause des pangolins, tu connais toi ? Un truc chelou !
  • - Y’en a qui disent que tous ceux qui meurent dans les maisons de retraite c’est à cause du Vide-19, t’y crois toi ? Faut faire gaffe y’a beaucoup de fake-news !
  • - D’abord c’est la Covid-19, enfin bientôt 21. Et tu as été chercher ça où, les Fakemachinchose ?
  • - C'est les jeunes quand ils passent en rayon ils ont toujours des mots anglais à la bouche.
  • - Et le rayon Entretien c’est pareil, c’est le désert plus de gants ni de lingettes,  et c’est à peine si tu peux trouver un paquet d’éponges !
  • - Enfin moi, j’ai hâte qu’on soit à Noël, y vont remettre d’la marchandise à côté, et ils finiront en cadeaux.
  • - Ouais avec du beau papier ! « Ma chérie cette année je t’offre du savon, et puis j’t ai aussi pris des lingettes, et des masques. Alors il est pas gentil ton p’tit mari ?
  • - Ouais mais ça fait pas nos affaires tout ça, c’est quand qu’ils auront besoin de dentifrice en guise de désinfectant ?
  • - Ben, Rendez-vous dans un an !

  • SUPERMARCHES/ Joël
     
     Il est vingt-trois heures, je note sur l’agenda électronique de mon téléphone, demain, je dois aller au supermarché.
     Dans la nuit, je fais un cauchemar. Je suis en 2030 et je pénètre dans le nouveau supermarché « New-Retail » installé à Champs-sur-Marne depuis un mois.
    Ce supermarché numérique n'a plus de caissière, et très peu de personnel. Tout fonctionne grâce à des capteurs et des caméras.
    Plusieurs possibilités sont offertes. J'utilise mon smartphone, après avoir téléchargé l'application, crée un compte et entré ma carte bancaire. Je peux commencer mes courses. J'enregistre chaque article en scannant son code barre. En scannant le code d'un produit, on me renseigne sur son origine, sa composition, et l’on me propose des produits similaires.
    Chez moi, je peux aussi utiliser l'application Yuca, indépendante des marques qui renseigne sur la qualité des produits.,. (Teneur en sel, sucre, conservateurs...).
    Autre possibilité : J'utilise le système « Smile to pay », il suffit de regarder la caméra et de taper un code secret, pas besoin de sortir sa carte bancaire, il faut juste posséder un compte Alipay.
    Tous mes achats tapés sur mon smartphone sont enregistrés par la reconnaissance faciale des caméras, permettant d'analyser mes comportements d'achats, de définir mon profil et ainsi me proposer des produits qui sont susceptibles de me plaire en fonction des prix et des saisons. (C'est super chouette, je n'ai plus besoin de flâner dans les magasins, marchés, dans la foule pour chercher, on me mâche le travail !).
    Au détour d'un rayon je tombe sur une borne d'orientation à reconnaissance vocale ; elle indique où se trouve les produits dans le magasin. Au rayon alcool un mur interactif aiguille les clients dans le choix des bouteilles. Un peu plus loin, un mur d'écrans tactiles, au bout des doigts, présente 500 articles supplémentaires qui ne sont pas dans le magasin mais qui peuvent être livrés à domicile. Pour ceux qui ne souhaitent pas utiliser leur smartphone et ne pas scanner les 132 caméras de vidéosurveillance du magasin reconnaitront directement les produits que l'on met dans son panier. J'ai passé une heure dans le magasin, et n'ai adressé la parole à personne. Plus de caissière, plus de personnel pour renseigner, les clients trop occupés sur leur smartphone ou à sourire à la caméra, à taper sur les écrans tactiles. C'est très bien comme cela, m'a dit mon médecin traitant, relayé par les médias, les dirigeants, mon banquier : vous gagnez du temps, il n'y a plus de petits commerces et peu de personnel dans les supermarchés… Avant vous étiez obligé d'aller chez le boulanger, le boucher, l'épicier, le bureau de tabac... et à chaque fois l'obligation d'une relation humaine, d'un bonjour, d’un merci, des banalités et davantage de risques de transmission microbienne.
    C'est idyllique ! Shoping, école, courrier, travail, rencontre, détente, infos, art, amour, cinéma, sexe, échanges, tout avec mon ordinateur, ou mon téléphone.
    Après mon passage au supermarché, je vais contacter ma petite amie. Nous nous connaissons depuis six mois et échangeons par messages électroniques, webcam, téléphone, on a décidé de ne pas se voir physiquement. Avec la webcam, on partage tout (cuisine, travaux, films, sexe …) Je me promène de moins en moins, car je regarde plein de vidéos sur la nature. Je ne me pose plus de question, n'ai plus d'esprit critique, plus de mal être, je fais confiance à ceux qui savent, notre élite intellectuelle et bienpensante. Et j'ai remarqué que cela s'est accentué après que l'on m'a implanté une puce dans mon cerveau qui comme tous les vaccins a été rendu obligatoire.
    Horreur ! Je me réveille, je suis trempé de sueur, mon cœur bat très fort, je mets cinq minutes à me remettre… Ouf ! C'était un cauchemar !
     
     Je déjeune, et comme je suis en vacances à la campagne dans les Alpes, dans le village de mon épouse, je vais à pieds à la boulangerie, discute comme tous les jours avec la boulangère (je crois que j'ai un ticket !) achète de la viande chez le boucher, le journal local au bureau de tabac, une rose chez le fleuriste, je réserve quatre places à l'auberge pour déjeuner dimanche prochain avec des amis. À la terrasse du café des habitants du cru m'interpellent :
    -Eh, Joël, on est venu prendre l'air ? Allez, le Parisien, viens boire un coup de gnôle avec nous.
    L'après-midi on se rend au supermarché à taille humaine, avec des caissières caissiers, sans écran tactile de la ville moyenne la plus proche.
     
     La vraie vie ! Non ? Pour combien de temps encore ?
     Serions-nous la dernière génération à vivre normalement ?
     

    PENDANT LE COUVRE-FEU, LES JOUETS SE DIVERTISSENT  / Sylvie
    Et oui la pandémie de Covid 19 nous a obligé à  un nouvel confinement pour le mois de novembre.Mais c'est bien au mois de novembre que j'ai assisté à une belle soirée.
    Les jouets engoncés dans leurs boites, décidèrent une nuit de se divertir pendant le couvre-feu. A vingt heures précises, Ken sortit de sa boîte pour retrouver Barbie.
    Il l'embrassa chaleureusement, étant venu la chercher avec son cabriolet décapotable.
    Ils se dirigèrent directement vers les rayons de l'alimentation pour Noël, après avoir emprunté des assiettes et des couverts. Ils mangèrent de bon appétit, des oeuf de caviar, une tranche de foie gras et du saumon fumé. Le tout arrosé d'une bonne bouteille de Perrier. Puis Ken emporta sa belle vers le rayon de la hifi. Ils choisirent un rock endiablé et un slow.
    Ils dansèrent toute la nuit au son de cette musique familière. Éclairés par une boule à facettes et des spots que l'ours brun en peluche maitrise avec habileté. Le tambour décida de participer à la fête et avec les cymbales une jolie mélodie accompagna tous les danseurs. Car Barbie et Ken avaient décidé de nombreux amis à sortir de leur boite et à participer avec eux à cette grande discothèque qu'ils attendaient déjà depuis longtemps.
    Néanmoins, ils n'oubliaient pas les gestes barrières, le masque sur le nez, ils se désinfectaient régulièrement les mains avec du sha. Car bientôt le Père Noël les emportera pour être distribués à des enfants très très gentils. Mais tous étaient unanimes, il n'était pas question et ils ne s'en remettraient jamais si petits et grands devaient contracter la COVIDE 19. Barbie avait une guirlande autour du cou en guise de boa.Tous nos amis avaient décoré le sapin de Noël avec des guirlandes électriques et des boules fluorescentes. Mais il n'état pas question d'avoir un sapin découpé dans la forêt.
    Nous jetons déjà trop souvent du papier utilisé un instant afin de produire une attestation de déplacement dérogatoire, mais heureusement cette période était révolue.
    Mais Doly la poupée qui parle rappela à tous nos amis car il était déjà cinq heures trente et c'était malheureusement le moment de regagner sa boite et son emplacement dans le supermarché. Avec le balai et la brosse de ménage souvent offerts  à des filles soucieuses de faire comme Maman. Les allées du supermarché ont été nettoyées. Ce sont les lutins du Père Noël qui proposèrent de faire le travail afin de finir la soirée en beauté.
    Noellan la poupée qui marche, se dirigea vers le rayon des viennoiseries et ne put s'empêcher de manger des chouquettes qu'elle adorait. En un instant la lumière ordinaire éclaira le supermarché. Dans deux heures trente les clients ariverront dans les allées. Malheureusement, par décision présidentielle personne ne pouvait nous acheter.

    Des rubans rouges et blancs entouraient nos rayons. Interdit de nous acheter afin de ne pas faire de tort aux petits commerces indépendants. Après le 7 janvier déclara le clown, je vous emmènerai tous au restaurant pour fêter mon anniversaire car vous êtes vraiment mes amis les plus chers.

    MAIS OUI, L'ESPECE EST A NOUS / Patricia
     
    - Tu me fais croire, ou tu veux me faire croire que tous les aliments, objets de consommation s’articulent en lignes, en colonnes, comme des bons petits soldats pour notre sécurité alimentaire. Et pourquoi pas les remercier aussi de nous permettre de rester en vie, d’éviter la famine, de rendre heureux la famille.
    - Ce n’est pas ce que je veux dire, tu exagères toujours… Ce que j’essaye de te faire comprendre, c’est que les supermarchés, c’est une bonne invention avec la surpopulation. C’est grand et pratique, efficace dans leur conception et il y en a pour tous les goûts.
    - Pour tous les goûts ! Mais c’est là le problème… Moi, cela m’apporte aucun plaisir de goût. C’est plutôt le contraire… Les rayons alignés ne me racontent aucune histoire. La cellophane me refroidit, le plastique m’étouffe et m’encombre. Les barquettes, les empaquetages trop fonctionnels ou ridicules de logos, de déco, de propagandes insipides seraient sensés m’attirer voir de me personnaliser : “Madame emmenez- moi chez vous… Vous serez un roi, une reine. Je suis là pour organiser vos soirées et petit-déjeuner, pas ordinaire, bien sûr. Car, c’est votre choix !  Donc je ne peux pas être ordinaire, car je ne suis pas ordinaire mais spécialement préparé, conçu pour vous faire plaisir. Pour vous rassurer aussi, je suis à vous, vous me possédez, vous êtes devenue possédante. Achetez-moi deux fois, trois, toutes les fois et vous serez encore plus possédante. C’est ragoûtant, c’est abject…
     
    Mathilde toujours en colère et intraitable sur la société de consommation, de “merde”. C’est son expression favorite quand le quotidien devient lourd, fastidieux, trop réaliste pour elle.
    Avec Juliette, elles avançaient sur le parking avec leur caddy vide, contournant les voitures de plus en plus nombreuses avec la tombée de la nuit.
     
    - Avance Juliette, je ne veux pas suffoquer dans les allées du magasin à cause de la foule. Ces clients somnambules devenus égoïstes, personnels aux enfants Rois ! Et ce foutu masque qui me colle à la bouche et rend mes lunettes inefficaces.
     
    Mathilde et Juliette, voisines depuis une dizaine d’années et presque jumelles par l’âge, ont l’habitude, depuis trois ans de faire leurs courses ensemble.
    C’est moins déprimant argumente Mathilde. Courses de “première nécessité exclusivement,” depuis que Mathilde a revendiqué dans un accès de colère ou excès de colère “Tout sauf s’empoisonner” par la grande surface du coin. Elle devenait paranoïaque ! Mathilde en approchant de la retraite “Tout sauf le frais” et la culture chez ceux qui prennent des risques. Je ne veux pas engraisser ces capitalistes “de merde” possédant la moitié de la planète qui n’ont rien à faire de notre santé mentale ou physique. Révoltée, s’autoproclamant lucide, Mathilde avait décidé de réagir. Je ne suis pas une automate à la solde du profit !
    - Pourquoi automates ? avait demandé Juliette, très gentille, trop gentille pour Mathilde qui espérait la convertir. Moi, je prends le temps et je choisis que ce qui me fait vraiment plaisir.
    - Ah ! Toi, tu choisis, quelle naïve ! Conditionnée comme les autres, tu es. Qu’est-ce que tu crois. Madame sait se jouer du marketing planétaire. Madame est plus forte que le business acéré des loups voraces aux dents longues. Madame a de l’humour. Tant mieux nous allons fêter cela avec une bonne bouteille de bulles ou alors tu as un bon prof, Juliette, je te félicite répliqua Mathilde de bonne humeur revenue.
    - Non, je me respecte. J’achète toujours la même chose. Les têtes de gondoles, les promos, c’est pour les endormis. … Les directeurs augmentent les prix, puis les font baisser une semaine après, ni vu, ni connu. Je t’embrouille. Ou, alors, ils exploitent à mort le récoltant ou l’éleveur.
    - Tu te débrouilles ma Juliette. C’est toi qui paye la deuxième bouteille.
    - Avance Juliette… Nous on en a pour vingt minutes montre en main. Les badauds vont flemmarder pendant trois heures en rigolant de leur pouvoir d’achat. On va passer devant eux aux caisses. Les imbéciles, comme si, cela valait le coup, le temps de choisir. C’est toujours la même “merde”…
     
    Juliette, d’un tempérament plus calme, se demandait souvent si son amie pensait toujours ce qu’elle racontait ou en faisant toujours trop pour se rassurer. Quant à sa grossièreté, elle était légendaire. Un avoir de plus. Ou un état d’être… Ce samedi-là, comme les autres fois, l’humeur de Mathilde prenait le dessus des courses.
    Mais vivement ce soir, elles feront la fête avec du champagne, des olives, du foie gras, du saucisson etc.… Les caddys étaient pleins et l’humeur joyeuse en récompense.
     

    TERRE - CIEL  / Noëlla

    La corrélation entre l'espace et le temps intrigue.
    Mais quel temps ?
    Atemporel, temporel, spacio-temporel ?
    La grande verrière surplombée de dômes géodésiques sera le "point de fuite" pour remonter le temps. À cet instant, la lumière du jour inonde chaque panneau de verre et réchauffe les multiples arcs métalliques de la structure. Ce ciel ouvert sur l'imaginaire se métamorphose en espace poétique grâce aux œuvres de l'artiste Olafur Eliasson.
    Plusieurs sphères éclairées, composées de formes contemporaines en métal écrues et turquoises à l'intérieur. Elles me rappellent " les fleurs de neige" de Matisse.
    Je les regarde attentivement, les admire.
    Monter... ?
    Descendre... ? Pour les regarder vibrer, s'étirer, se rejoindre, s'entrelacent, rapetisser pour créer l'illusion avec de nouvelles perspectives.
    Au gré des changements de temps, elles animeront le ciel de verre, suspendues à différentes hauteurs.
    Lorsque que le soleil disparaît, l'œuvre dialogue avec le clair/obscur pour attirer l'œil du visiteur. Les facettes du dôme s'obscurcissent, valorisent les ombres, accentuées par le maillage noir. Une alliance indiscutable, qui projette des compositions aléatoires pour des histoires sans fin !
    Embarquement imminent sous une pluie de paillettes. La sphère se transforme en boule à facettes multicolores, le "dance-floor" quadrillé s'illumine pour célébrer le disco.
    Démarches chaloupées, coiffures afro, manteaux longs rouges pailletés, ouvert sur des combinaisons sexy, parsemées de strass, les trois choristes investissement la scène. Le légendaire Bobby surgit en esquissant quelques pas de danse, moulé, très moulé dans sa combinaison blanche brodée, pattes d'éléphants, ouverte jusqu'au nombril, dévoilant un torse velu, très velu !

    " Daddy Cool" enchaîne les tubes, encouragé par le public

    🎵🎶 Raspoutine, Sunny, rivers of Babylon. On entonne les refrains en se déhanchant sous les yeux des projecteurs. Boney M, nous a fait replonger avec bonheur au cœur de la fièvre du samedi soir. 
    🎶"Des rires et des chants"🎶 nous propulsent vers une nouvelle destination, où les parfums de la gourmandise nous plonge dans l'enfance.
    Avec Alice et Valentin, nous chevauchons des ballons translucides remplies de confettis et bonbons. Nous survolons "l'Ile aux enfants" et apercevons au centre la sphère en sucre d'orge où fusent 🎶 les rires et les chants".🎶
     
    Atterrissage en douceur sur de gros nounours et crocodiles acidulés en glissant sur des toboggans en pâte d'amande rehaussés de guimauve. Deux grosses paluches oranges accueillent mes p'tits choux pour un gros câlin, sur un air bien connu.

     🎶🎵 Voici venu le temps, 
    Des rires et des chants,
    Dans l'île aux enfants, 
    C’est tous les jours le printemps.
    C'est le pays Joyeux 
    Des enfants heureux, ....
    Là là là là là là là là là là là là là là….

    Casimir les entraîne dans une grande farandole tout autour de l'île, jusqu'au structures gonflables pour jouer à cachecache. Après une pause " gloubi -boulga" les p'tits gloutons lovés dans leur bonbon préféré, assistent au spectacle de la vedette.
     
    Terre Ciel : nom du centre commercial à Chelles
    2006 : concert de Boney M sur l'esplanade du centre commercial, un samedi en fin de journée
    2006 : Spectacle de Casimir le mercredi après-midi

    TU ENTRES DANS LE TEMPLE DE CONSOMMATE.../ Alain

    Tu entres dans le temple de Consommate, et tu t’asperges les mains !
    Tu pensais aux églises d’antan et à leurs bénitiers, là c’est pour être seul, propre, non touché par les gouttelettes d’autrui !
    A l’église, tu communies avec les autres, là, tu évites, ou alors vraiment on y va juste du bout du coude… Enfant, tu allais au temple, et les jours de communion et de sainte scène, tu te rinçais la dale d’une tirade de pinard avec les camarades, les frangins, les frères, les vieux, tous et toutes à la même coupelle, ceci est mon corps, pour la mie de pain, ceci est mon sang dit J(ean)-C(laude) pour le picrate plus ou moins de bonne qualité……  Jean-Claude, millésime 2020, année Covid, année d’Ovide autrement dit sans les travaux d’approches, ni amoureux, ni ceux d’Hercule, parole de Grec qui se la raconte triste dans le traiteur Dimitris qui n’a pas encore pendu sa crémaillère…
    Monoprix, ici, c’est la sacristie du quartier, la chapelle des sacro-saints portes-monnaies ouverts puis fermés, après l’obole. Le Bobo prie chez Monop, l’après-midi du samedi…
    Chacun prie pour lui dans sa file d’attente. Chacun pianote des sms comme autrefois les boulettess des machinettes à prier en rond…. Là, la terre te répond vite, avant, Dieu restait discret. Monop, illuminé, éclairé, décoré, c’est la cagnotte de Saint-Nicolas, les cadeaux en profusion, la tannière du Père-Noël avant l’heure, mais rassurez-vous le traineau et les grands rennes gris ont été remisés aux Buttes-Chaumont, tout près du faux lac, des faux rochers, des copies de cascades suspendues dans l’air des faux-semblants.
    Après les confinements, tu respires, au Monop ! Tu craques aussi, des nerfs, du portefeuille, de la carte-bleue soudain gondolée, siphonnée, brûlante et allégée, plus rapidement que tu pouvais le penser…
    Monop, ce n’est pas le supermarket, mais davantage la surface moyenne, une sorte d’humanité moyenne à portée de voisinage, de paluches, de sacs à roulettes pour préserver le dos et de possibilités budgétaires.