- Mariés depuis le printemps dernier, Rachel et Maurice Lefèvre formaient un jeune et joli couple de la bourgeoisie bolbécaise. Ils habitaient dans le quartier chic et hupé de Bolbec, celui du Champ des Oiseaux. Cela les amusait d'ailleurs, car ils possédaient un petit animal de compagnie, un perroquet de toutes les couleurs qu'ils appelaient "Blue" parce que le nom de Coco faisait un peu trop "peuple" !
- Les jeunes gens s'étaient rencontrés grâce à leurs mères respectives. Celle de Maurice était domestique dans la famille de Rachel,qui possédait l'une des manufactures textiles de la ville. L'entreprise familiale avait notamment réussi à obtenir le marché des fameux pantalons garance de l'armée française et il fallait en produire chaque jour davantage.
- Comme Maurice accompagnait souvent sa mère, il connaissait la jolie Rachel depuis l'enfance. Brillant à l'école et poussé par sa future belle famille, le jeune homme avait réussi ses études de médecine à la faculté de Rouen. Rachel l'assistait d'ailleurs régulièrement.
- En ce jour particulier d'août 1914, Rachel avait vingt-trois ans, une silhouette fine, un joli visage de brune aux yeux verts, de bonne taille mais une tête de moins que son mari. Coquette et élégante, elle aimait les belles toilettes, de par ses origines et ses traditions familiales.
- Ce jour-là, la jeune femme était vêtue d'une longue toilette jaune pâle avec des frous-frous dorés. Une fine dentelle blanche marquait un décolleté carré et sa coiffure en chignon, retenu par une broche en argent lui donnait une assez belle allure. Elle portait avec élégance de fins bijoux, un bracelet et quelques bagues dorées. Rachel possédait surtout un très joli sourire......
- A vingt-cinq ans passé, le jeune médecin était assez grand et naturellement avait presque une tête de plus que sa femme ! Brun, il portait fièrement un fin collier de barbe afin de vieillir un visage encore un peu trop adolescent à son goût. Ayant un bon niveau d'escrime, son allure physique pouvait être qualifiée d'agréable. En cette journée historique, il portait un élégant chapeau en feutre gris, un costume noir en laine anglaise, éclairé par une fine cravate blanche. Etant légèrement myope, de petites lunettes rondes cerclées de métal lui donnaient un air sérieux. Une cigarette souvent aux lèvres, un journal à la main, Maurice passait pour un vrai fils de bonne famille.
- Les jeunes gens semblaient très amoureux. Ils souhaitaient avoir des enfants, mais cela n'était pas encore arrivé.
- La belle famille avait financé leur mariage et, détail important, leur avait offert l'une des rares voitures qui circulaient à Bolbec, une puissante Ford 1913, la seule du département ! Elle lui permettait de faire ses visites dans toute la région et maintenant il hésitait à l'utiliser pour se rendre au front !
- Et au bord de la Seine...
