Les jours passèrent et la situation militaire empirait. Toujours cette menace de mort incessante, toujours cette odeur insoutenable. Il y avait plus de cadavres que de vivants sur les champs de bataille.

Pol et Jeannot, le mentor et l'élève, restaient chacun l'un à côté de l'autre, quoi qu'il se passe. Rien ne les séparerait. Ils étaient comme les doigts de la main, comme père et fils. Jeannot apprenait à rester en vie en temps de guerre grâce à l'expérience de son vieil ami. Il connaissait sa leçon par coeur : avoir son fusil à portée de main, être prêt pour toute éventualité d'assaut, mais surtout garder sa bouteille de vin.

Après une halte de quelques heures, l'ordre fut donné de se remettre en marche, un assaut était proche.

Cela faisait une journée qu'ils avançaient vers l'ennemi, la tête baissée, opprimés par l'odeur de la mort.

Tandis qu'ils traversaient un petit bois, un coup de feu retentit et le soldat qui se trouvait en tête s'écroula à terre. Un traître ? Non ! Un groupe d'éclaireurs allemands les avait pris en embuscade. Les soldats, surpris, tendirent leurs armes. Le combat commença. Des coups de feu, des explosions, des cris, des morts. C'était comme un chaos.

Tous les Allemands étaient tombés. Les Français avaient gagné, mais à quel prix !

Avant de se remettre en marche, les guerriers reprirent leurs forces. Les deux amis restèrent à l'écart. Jeannot était blessé Un Boche lui avait tiré une balle dans l'épaule.

-Rien qu'une petit blessure superficielle, avait dit Pol pour le consoler.

Leurs officiers les appelèrent pour les rejoindre tout de suite. Pol et Jeannot traversèrent le champ de cadavres. Hélas, un survivant allemand se traînait par terre, le pistolet à la main : il visa le plus jeune des deux compagnons. Le vieil homme, toujours sur ses gardes, l'avait repéré. Il hurla en sautant vers Jeannot.

-Non ! Jeannot !

Le revolver avait craché a balle de plomb pleine de poudre. Et Pol, lui, avait craché un filet de sang, plein de vie. Jeannot, furieux, dégaina sa baïonnette et l'enfonça dans la gorge de l'assassin de son ami. Puis, il s'agenouilla auprès de Pol à l'agonie.

- Ne me quitte pas ! Je serai perdu sans toi !

- Mon Jeannot, laisse, mon heure est venue ! Je resterai avec toi dans ton coeur. Adieu et sois fort, fiston !

Il pleurait. Il venait de perdre son seul ami !

Il enterra à l'aide d'une pelle celui qui lui avait tout appris, celui qui l'avait défendu, celui qui l'avait consolé dans les moments difficiles. L'homme qui était mort pour le préserver, lui.

Pendant ce temps à Revigny... 
A suivre
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