Après
de longues heures de travail dans l'usine de remplissage
d'obus, Régine retourna extrêmement
fatiguée dans sa chambre d'hôtel avec ses deux
enfants. En ouvrant, elle
aperçut une lettre glissée sous la porte. Elle
la prit dans sa main et reconnut l'écriture de sa
soeur Lorraine. Elle ne put attendre plus longtemps avant de
l'ouvrir : "Chère
Régine. Je
viens par cette lettre t'annoncer enfin une bonne nouvelle.
Ton Jules est vivant ! Après de nombreuses
recherches, je l'ai enfin retrouvé ! C'est
pourquoi lui et moi t'appelons à rentrer à
Revigny dans les jours qui viennent, maintenant, il y a
moins de danger, là-bas. Sache que je ne suis plus
institutrice mais je me suis enrôlée comme
infirmière à la Giraudière. Nous vous
attendons, tes enfants et toi, avec
impatience. Ta soeur,
Loraine " Après
avoir lu cette lettre Régine se mit à rire aux
éclats, pleurant presque de joie. Elle
réveilla ses enfants. - Jules
est vivant ! Jules est vivant ! Votre père
est vivant, les enfants ! -Quoi ?
Maman, Papa était peut-être
mort ? La jeune femme ne prit
pas la peine de répondre et continua à sauter
de joie dans toute la chambre. Dès
le lendemain, elle courut acheter un billet de train pour
elle et ses enfants. Elle prendrait le train le
surlendemain, direction la Meuse. Le
jour J arriva assez vite. Après six heures de train,
tous entassés dans un wagon, Régine
commença à reconnaître le paysage aux
alentours de Revigny-sur-Ornain. Tout était
dévasté. Elle éprouvait de la douleur
à voir les paysages de son enfance anéantis.
Tout n'était que ruines. Arrivée sur
place, ses craintes étaient bien
réelles : tout était détruit. Mais
sa déception fut vite estompée quand elle posa
le pied sur le quai et qu'elle se jeta dans les bras de son
mari. Là, elle pleura de joie. Elle était si
heureuse de retrouver Jules, enfin en famille avec ses
enfants !