- Accompagnée de ses
deux petits, Régine débarqua à la
gare de l'Est de Paris. Ils semblaient perdus au
milieu de tous ces gens et de tous ces regards.
Régine était vêue d'une longue
robe... Elle s'était faite belle. A trois ans,
le petit Jacques était en culotte courte, et
Micheline, sa petite soeur de deux ans portait une
robe blanche. Dans la gare il y avait
énormément de bruits. Les locomotives
arrivaient de toutes parts laissant derrière
elles des odeurs de charbon. C'était
impressionnant pour cette famille qui n'avait jamais
quitté son village auparavant. Jacques levait
les yeux au ciel, ébahi par la hauteur des
bâtiments qui l'entouraient. Micheline se
blottissait dans les jupes de sa mère, elle
avait peur de toute cette foule.
-
-
-
- - Maman, on va où
?
- - Je ne sais pas, ma
chérie, répondit
Régine.
- - Et Papa, il est où ?
fit Jacques.
- - A la
guerre, mon garçon, maintenant, nous sommes
seuls !
-
- Régine posa ses
valises au sol. Elle était
épuisée par le voyage et le poids de ses
bagages. La jeune femme se demandait que faire et
où aller avec ses enfants en bas âge qui
n'avaient jamais voyagé. Elle était
épuisée et si effrayée qu'elle
s'effondra sur ses valises en pleurant. Son mari lui
manquait. Lui au moins aurait su que
faire..
- Un jeune vendeur de journaux
passa à côté d'elle. Il criait le
gros titre d'une voix rauque :
-
-
-
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- - L'armée allemande
huée par les Français dans les provinces
occupées !
- Elle acheta le journal du
soir et le lut avec empressement.
- " Dès que la guerre
a commencé, et déjà avant,
l'armée allemande est le souffre-douleur des
français. Les Allemands retiennent les familles
françaises, séparées de leurs
hommes, les empêchant de s'en aller. Les
Français espèrent que leur armée
va remporter la guerre et les familles espèrent
revoir leurs proches en vie. De leur côé,
les hommes au front, jeunes comme anciens, ont eux
aussi l'intention de revoir leurs familles et
espèrent surtout que la guerre durera le moins
longtemps possible !"
Après avoir
trouvé une chambre dans une modeste pension de
famille située près de la grande gare, la
jeune femme laissa ses enfants à la garde d'une
vieille concierge qui la trouvait bien trop
désespérée. Cette hôtesse de
hasard lui permit de se faire embaucher dans une usine
d'armement, à quelques stations de métro de
là.
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- Au
Café Meusien, chez Brocard
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avec Jules à la guerre
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