Barbu et fumant la pipe, un vieil homme de soixante ans appelé Arthur posa son béret sur le comptoir du café où Jeannette lavait ses verres. Il écoutait poliment le vieux Charles, alors que lui-même avait fait la même guerre.
- Les p'tits jeunes vont gagner la guerre facilement car de mon temps, il n'y avait pas toutes ces armes à feu modernes, s'écria Charles.
 
Arthur ajouta :
- En plus, à mon époque, on mourait de faim et il y avait la variole qui avait ravagé les deux armées...se rappelait le vieux Charles, les larmes aux yeux.
- Ouais, il y a eu pas mal de blessés et de morts...13.900 morts de notre côé, tu te souviens ?
- Et quinze mille blessés. Six mois de guerre et cette saloperie de maladie !
- Nous, on s'en est sorti, j'espère que tous ces petits jeunes ne vont pas attraper une autre maladie !
 
La Jeannette essuyait les verres derrière le comptoir, en s'inquiétant de ne pas avoir de nouvelles de son mari qui devait la rejoindre lors de sa première permission.
 
 
 
 
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Tout à coup, un homme surgit en courant, affolé. Jeannette sursauta et lâcha son verre qui s'écrasa en mille miettes, au sol. L'homme annonça la mort d'Achille Brocard en criant :
- Mame Brocard, Mame Brocard, nous avons trouvé un corps à l'entrée du village ! Il se trouve hélas que c'est celui du pauvre Achille, votre époux.

Jeannette, stupéfaite, n'en croyant pas ses oreilles s'assit sur une chaise, puis elle reprit ses esprits.