Les Bruits du Monde à Torcy, ce fut un lent et long travail de réflexion et d'élaboration avec des ateliers de femmes des cités
désireuses de donner leur point de vue à l'occasion de la Journée Internationale des femmes.
 
 
 
 
 
Ecrire, disait Marguerite Duras…
L'écriture est un jeu complexe de navettes entre les autres et soi-même, entre le monde tel qu'il se montre à voir et une intériorité toujours mutante, éternellement en devenir.
Personne n'apprend vraiment à écrire, on s'y jette un jour, comme un banal besoin d'air pur, un geste de sauvegarde, un espace à gagner sur le rationnel, un lieu de retrouvailles avec sa propre histoire, avec sa part d'humanité.
Allez, une confidence pour commencer : l'école ne m'a donné envie de lire, pas davantage d'écrire d'ailleurs. Ce n'était pas pour moi, ces choses-là. La littérature me semblait poussiéreuse, décalée du réel. Ma mère écrivait " La déchirure " (texte jamais publié) et mon père agitait le bâton de l'histoire populaire pour se sentir davantage exister.
Comment revenir sur le pourquoi, sur les fondements, les raisons essentielles d'une mise en plume ? Aucune évidence préétablie, pas même un soupçon de vocation... Juste quelques notes poétiques que l'on sort de soi pour conjurer le doute. Les blessures de vie et les fritures de l'âme sont toujours de réels moteurs d'écriture, des moteurs à vocations artistiques, quelle que soit la discipline choisie, celle que l'on ose finalement approcher. Il y a eu d'abord le théâtre et la langue orale, puis le poème, la prose et la langue qui s'inscrit volontairement dans la durée. Aujourd'hui, j'aime lire mes textes à voix haute, un compromis sans doute, un besoin de cohérence, certainement.
Le deuil d'espérance et le vague à l'âme suivant les attentats de novembre dernier valent tous les sésames. L'écrit sent la poudre à fusil, la colère majeure, les peines domestiquées, dépassées.
Il est toujours temps d'écrire, de jeter des mots, des pensées, qui ressemblent à tous ceux que l'idée même de révolte effleure depuis longtemps, que la volonté d'agir sur l'ordre des choses mobilise, que les cris, las d'être murmurés, transcendent enfin les ordinaires. Mais parfois loin des conflits, écrire, c'est d'abord retrouver des sentis, évoquer des passions, engranger des défis, juste pointer d'un bout de doigt distrait le sens des choses afin de démêler le juste des injustices à foison, retrouver l'obédience à laquelle se confier, histoire d'adopter une filiation, un chemin d'espérance.
Les mots se conglomèrent pour jaillir à l'improviste à l'heure arrêtée, depuis longtemps sonnée à la cloche des exigences que l'on se fixe, que l'on se donne, comme ultime sursaut de vie.
Écrire, c'est aussi bouger sans cesse. Peau, sensibilité, perception, regards sur le monde. Tout se transforme à souhait et le territoire de sa propre personne devient une véritable friche, la jachère de l'écrit en continuelle quête. Il convient de bien nommer les choses pour les approcher. Se trouver dans la justesse d'une cohérence, entre le dire et l'affiché, le décidé et l'infrastructa ? Nure. Des mots tout çon. C'est-à-dire des gens, des lieux, des éclats de rire, des regards ou des grimaces, un haussement d'épaules désespéré à l'écoute des maux du monde. Non, juste une histoire humaine que certains d'entre nous pressentent plus que d'autres. L'écriture vient quand elle veut, sans prévenir, comme l'urgence d'une respiration haletante, un doigt qui se lève pour accuser des regards anéantis frôlant le bitume, la rue, le ballast, la grisaille. Oui, elle est un doigt qui veut montrer l'impossible route, le doigt de dieu, comme si le pauvre bougre n'avait pas disparu depuis longtemps, dans les soubresauts en série d'une très vieille histoire dépassée.
Le monde va, c'est-à-dire vous et quelques autres, vous et d'autres encore, femmes ou hommes, et des régiments d'inconnus qui piétinent le malheur d'autrui comme pour suivre un rite ancien, à jamais défait. Comme d'habitude. Au fond, écrire, c'est toujours viser l'autre, c'est l'école de l'autre qui donne à notre langue la patine du temps et le besoin de s'offrir.
L'autre soi-même, dissimulé dans sa carapace, qui prend le temps de poser un regard oblique, l'autre, croisé au hasard d'un chemin de traverse, et qui devient personnage, l'autre, sans mystification, devenant lecteur, le temps d'une rêverie. L'autre, c'est notre bonheur et notre condamnation, l'Enfer, disait le philosophe du Néant. Les autres m'ont toujours intéressé, questionné, attiré. Proches ou anonymes, ils s'imposent toujours dans mes plates-bandes. Bien sûr, des cohérences se sont construites au fil des ans. Les mots ont besoin de jaillir, au-delà des cadres, des étiquettes et des gondoles de vente. Sans doute, est-ce la quête d'une humble mémoire à travers l'histoire d'hier et celle qu'écrit notre époque qui me sert de boussole. Des histoires s'inventent, se reforment, se recomposent, sous la plume, le clavier. Les humains sont toujours de service et parfois le roman me semble constituer un détour. J'aime aussi le documentaire, les paroles d'autrui recomposées, un réel d'aujourd'hui ou d'autrefois, à peine mis en scène. L'essentiel reste le dire, le sentir, le hurler. Le convaincre aussi et là, l'autre pointe à nouveau sa fragile silhouette. Et puis les mots, ce ne sont pas que des livres écrits, publiés, et tous ceux qui restent à écrire. Il y a l'oralité et les discours à l'emporte-pièce. Les salles combles et les coins de cheminées plus intimes. Il y a encore les feuilles froissées, les poèmes griffonnés, les réactions spontanées à des images découvertes, les lettres, les messages, les pages d'un site Internet domestiqué. C'est aussi des carnets de voyage encore secrets, des notes d'Egypte, des mots jetés à vif sur le sable trop jaune et les pierres vertes du Sahara. Nous savons bien que les souvenirs jaunis ont besoin d'encre et de mots pour exister à jamais.

Alain Bellet, écrivain

 
Parole, tu rêves, toi !
 
Juste un siècle pour traverser le boulevard de l'Egalité ! Juste un siècle pour acquérir l'écoute et la reconnaissance, prendre le temps d'affiner les gueulantes de principe et comme les hommes avoir le droit aux terrasses mortifères…
Les suffragettes osaient le pire mais les oreilles étaient bouchées, les infirmières débarrassaient les tranchées, peu ont été décorées. Russes, Allemandes et Anglaises allèrent voter en 1919, la Française eut le temps de réfléchir, pendant vingt-six ans, à qui donner son suffrage…
En 1890, une femme obtenait un doctorat de lettres, en 1900 la première femme avocate se fit tailler une robe sur mesure. En 1936 une autre avocate que tout le monde appelait Madame Quand-Même refusa d'être ministre du Front Populaire tant qu'elle était privée du droit de vote ! Et puis un jour, Madame Curie squatta quelque peu le Temple des Grands Hommes de la République. Maintenant, deux copines l'ont rejointe, cette année. L'égalité se travestit de costume de façade et la parité force le trait d'un véritable partage. Les damnées de la terre conjuguent souvent au féminin pluriel leur quête identitaire. Et puis voilà les voiles, l'égalité remisée de près. Les femmes ont elles cessé d'être les premières opprimées ? Parle la première et tais-toi, parle la dernière et sauve-toi ! Dans le train des vies bousculées, Mesdames, on vous offre toujours la première classe… 1970, le Torchon brûlait et les premières féministes jetaient l'éponge. Quelles réelles avancées ? 1974, Simone Weil se payait l'hémicycle d'une république en complet veston. Avancées, certes, petites, petites, encore et encore… Pour que la fête commence, faudrait faire taire les abrutis, pour la fête de l'égalité où chacune et chacun trouveraient son pas de deux, sa cadence…
Parole, tu rêves comme une meuf, toi !

Alain Bellet

 
 
Je ne croyais à rien, mais je n'y crois plus !
 
Ni de toujours, ni de jamais. Que des instants légers, mouvants. De l'éphémère à reconstruire à tous les temps. Le vent, une brise passante, un fleuve de sentis qui joue les saute-ruisseau… La peinture coulait le long du mur. Les jolies couleurs dégoulinaient à souhait. Le rouge éclatait, baroudeur, tentait des apartés, accapareur. Par touche, le jaune se faisait plus discret, plus sobre. Je suis là, lui répondait le vert, sautillant et joueur. L'orange se préparait au combat. La femme emmurée dans sa détresse répétait ces mots à l' envi. L'envie n'était plus là apparemment, ce slogan semblait résumer toute sa vie. Heureux les béats arcs boutés sous les sunlights des certitudes ! Heureux les crédules claquemurés dans leurs confortables croyances. Maintenant, Clara Vergeot les enviait. Elle ne savait plus où donner de l'élan, du vertige, de la musique… Je n'y crois plus, j'ai jeté mes certitudes, il ne me reste plus que mes doutes pour avancer amis chemins. En plus de ne plus croire en rien, je te donne toute ma confiance ! Petite folie, une jeune femme m'a confié qu'elle était trop heureuse pour être peureuse. Il me semble qu'il faut parfois être peureux pour rester heureuse. Mais j'aime ce sentiment de liberté débridée, un hymne à la joie qui nous amène à prendre, à prendre. Ce que l'on ne donne pas, je le prends.
Créer, c'est résister !
 
Hélas, les créateurs avaient déserté et les résistants s'était évaporé. Restaient des sortes de mutants rasant les murailles, marchant le plus vite possible pour ne pas être happés par la palette de pierres et son slogan désespéré. Ils étaient devenus amnésiques, frileux, inquiets de tout et quelques chats aventureux appréciaient encore cette grisaille colorée.
 
- Averse en demi-teinte pour me réveiller.
- Pluie de couleurs pour immerger.
- Bourrasque écarlate pour résister.
 
Créer, c'est résister ! Pour la neuvième fois l'affirmation marquait le territoire d'une étrange marelle. J'étais là encore quand elle fut arrêtée par des hommes sans couleur, chassant dans l'interdiction de penser. Petite, déjà, sur tes demi-pointes, tu t'opposais. ! Pré-adolescente, le pinceau en avant, tu t'affirmais ! Adolescente, sur les pointes, tu voulais dessiner ta vie ! C'est décidé, à partir de maintenant, je ne me pose plus de questions. Pourquoi faire compliqué quand tout est compliqué ? Donc je vais commencer par la faim en espérant qu'il y a le zébu…
 
La vie à pleine dent, comme une gourmande !
 
Dans le fracas d'un monde chamboulé, quelques mots de noir écrits sur les pastels éphémères résonnaient comme le grand bourdon de Notre-Dame un matin d'hiver. Je me souviens de la jeune femme qui avait gratté la muraille pour y appliquer ses lettres de carton. Elle semblait traverser le temps, en équilibre sur la pointe du cœur, la bouche offerte, l'allure décidée. Je l'avais suivie dans les dédales de ce quartier abandonné, passant d'un trottoir à l'autre, sa peinture en bandoulière.
 
Belle et rebelle, sans minutie
 
C'est fatigant d'être rebelle, isolée, rejetée, incomprise, mal aimée, trahie, détestée. Je préfère le statuquo la fuite, la solitude acceptée, reprise, essentielle, pour exister, être soi, apaisée, presque sereine au milieu de l'hostilité ambiante. J'avais appris que la fuite c'était aussi l'évitement, la magie de l'esquive ! Alors je donnais juste le change, on me croyait soumise alors que je mitonnais une infernale stratégie. En réalité, j'avançais masquée sur le fil tendu des différences. On me croyait immobile, j'avançais avec minutie…
 

Image de marque, image de manque
 
Maquillées comme un camion américain, habillées comme pour une soirée d'Halloween, nous voyagions au royaume de la mode.
Nous prenions place dans la machine à remonter le temps, en faisant d'incessants allers-retours dans l'univers futuriste de notre imagination. Apprenties stylistes, nous devenions fanatiques d'une déesse appelée mode pour combler nos manques. Nos manques d'argent, de mots, d'espoirs, nos désespoirs, nos manques d'assurance, de mémoires, d'intelligence. Dans la vitrine du C'est à voir, des vêtements insensés s'offraient pour le délire d'une transformation marquée, marquante, musclée. Les camions américains n'étaient pas de nos amis, alors nous avions choisi le maquillage à la mouche genre Antoinette, la Marie reine Antoinette, le cheveu en hauteur, la robe floue, le décolleté à se perdre de vertige, juste avant que la tête nous tombe...
La reine, elle s'avançait délicatement pour ne pas froisser la grande robe qui la faisait disparaître, elle, la femme. L'étoffe ondulait, les volants, telle une mer délicatement agitée, captaient les regards. Le bruit des froufrous berçait l'attention des hommes de la cour. Elle disparaissait sous l'éclat du tulle, des rubis, des diamants. Ses yeux mis clos ne cherchaient plus les regards. La vie, sa vie semblait disparaître à chaque pas. Retournes toi et disparaît... Etre addicte aux marques, au bling-bling, dénote que la personne joue un personnage. Elle cache ses faiblesses et il suffit que l'on gratte sa carapace pour découvrir une personne hésitante. Malheureusement, il se trouve beaucoup de gens ainsi, nous vivons dans une société de consommation où les vraies valeurs se perdent. La publicité nous inonde et veut nous formater sur une silhouette parfaite, là il y a un manque de personnalité et les gens sont perturbés, car ils ne se reconnaissent pas.
 
Le grand bal des Mères-Grands
 
Elle voulait toujours vivre avec des espoirs, des grands, des petits, des ridicules, des généreux. Je me souviens des yeux brillants de la vieille femme quand elle répétait : " Vivre avec des espoirs ! " c'est-à-dire sans pleur, sans se plaindre, sans gémir… Elle n'était pas ma grand-mère, elle était la Mamie de la rue, celle de tous.
La mienne ou les miennes de Mamies ne se ressemblaient pas et ne ressemblaient pas non plus à cette grand-mère de la rue. Elles avaient perdu toute forme d'espoir, mais elles n'étaient pas tristes pour autant. L'espoir, c'est toujours lourd à porter. L'une très légère, s'était réfugiée dans la religion, je dirais même planquée dans la religion. L'autre, vraiment lourde, organisait sa vie comme un général de campagne face à son armée.
Moi, ma grand-mère était la conteuse de la famille, la mémoire vivante de son époque, elle aimait réunir autour d'elle enfants et petits-enfants et relatait les anecdotes de sa propre enfance. Elle avait traversé pleins d'embûches dans sa vie à cause d'une longue guerre où elle avait vécu la séparation des siens, mais elle a toujours conservé une flamme vive qui rallie les personnes déboussolées et donne l'espoir pour avancer.
Ma grand-mère venait des pays de l'Est. Elle avait traversé de nombreuses embûches, pourtant elle était toujours gaie, malgré la misère et les maladies. Cette femme a eu neuf enfants dont deux fois des jumeaux. Elle est restée veuve assez longtemps et malgré cela, elle a toujours vécu dans l'espoir d'une vie meilleure. Vivre avec… Vivre avec, mais avec des espoirs de vous revoir un jour, une nuit ou à l'aube d'un nouveau rendez-vous. Vivre avec d'éternels espoirs ! Mes deux grands-mères m'ont laissé peu de souvenirs heureux et encore moins d'espoir de mieux les connaître. Ma grand-mère paternelle, petite souris grise, aux yeux en boutons de bottines, vifs et brillants, ne m'a laissé aucun espoir d'être un jour aimée et reconnue comme sa précieuse petite-fille. L'autre, plutôt sorcière, maigre, sèche de corps et de cœur, n'a jamais eu un mot gentil, un regard tendre, un sourire bienveillant. Critiques, critiques, critiques. Vipère au poing, cœur venimeux, paroles sanglantes.
Alors, ces grands-mères, des loups garous, mangeuses d'enfants, mangeuses d'espoirs d'être reconnue. La grand-mère de la rue les attendait toutes. Ce soir-là, c'était le bal des Mères Grands et le Prix de la Méchanceté devait être remis à la plus épouvantable parmi toutes. Personne ne connaissait encore le nom des membres du jury, on devait le tirer au sort…
 
Insouciante et rêveuse
 
La jeune femme est souvent insouciante, rêveuse, envieuse et espère beaucoup de choses. La femme maternelle protège les siens, sa force est admirable.
La femme fidèle depuis tant d'années aimerait être protégée, mais elle se retrouve parfois harcelée et agressée verbalement ou malheureusement violentée. Elle perd courage et a du mal à continuer à vivre.
Ma mère aime être entourée et a besoin d'être aimée. Elle est autonome et plus sensible que l'homme. Elle s'oublie parfois pour le bien-être des siens et des autres. Elle aime : les fleurs, les parfums, les bijoux, et parfois les fourrures. Elle aime aussi suivre la mode selon ses moyens. Elle est coquette : elle se maquille, aime la lingerie et aime refaire sa garde-robe et assortit ses vêtements. Elle aime la stabilité ; on l'admire pour son courage. Elle est femme, mère, maîtresse, en même temps ! Elle donne beaucoup de son temps et de son savoir et de son affection pour les autres, elle est très protectrice et positive.
Florence
 
Dévêtir la censure, émanciper
La parole des femmes
 
Tu avais cru rencontrer l'amour, un jour de juin, les autres saisons s'animaient crescendo, multipliant les éclats de tes pleurs ! Toi, la femme survoltée, déflorée de ses plus belles illusions. Toi, la femme mutilée au plus profond de ton cœur, par les dérives perverses de ce lâche, qui remplissait le vide de sa pensée " d'acidité bienveillante "
Artiste de pacotille, il se cachait derrière la sculpture de son âme !
Il avançait à pas de loup, sur le chemin de la haine, s'abreuvant du malheur pour distiller la peur... La peur, elle s'immisçait lentement, tout doucement dans ton désespoir. De tes pensées pétrifiées, s'échappait un univers appauvrit, ne créant qu'une ombre, petite ombre fragile tu étais devenue ! Au petit jour, encore indécis, tu te demandais quel pervers il incarnerait … Matin, midi et soir polymorphe il était, la nuit, il devenait dealer de poudre aux yeux, agitateur de tes songes. Tes rêves effilochés n'avaient même plus de couleurs. Un jour, ta pugnacité a fait voler en éclats ses certitudes.
Ses rêves de saccage ultime, envolés, cassés, brisés. Dévoilé au grand jour, il était démasqué, désenchanté, tu pouvais enfin te réveiller, le baiser de l'espérance avait effleuré tes lèvres endolories. Réveil en douleur, tout de même ! Avec un message posthume ... Puis, tu as voulu partager et vivre tes espoirs de rêves, dominer la violence et divorcer du mal.
 

Ecoutez la parole des femmes

 
Femme, tu as retrouvé ta liberté chérie, tu ne la quitteras pas, ne la quitteras plus. Redresse ta plume, hisse tes poèmes dans un champ d'harmonie.
Redessine les contours de ta vie sans détour ni retour, offres-toi de l'amour, pour ouvrir ton cœur. Sème ta bonne humeur, recolle les morceaux de tes éclats de rire, vogue sur ton nuage, c'est ton plus grand plaisir !
Qu'on arrête de te dire que tu n'es qu'une rêveuse ! Car tes rêves t'emmènent au pays des merveilles ! Tu as revu le lapin blanc qui bondissait dans ses bras, traversant les années, la regardant grandir, de l'autre côté du miroir, c'est le pays de ton lutin, tu revêtais ta cape d'invisibilité pour parcourir 82,8495 lieues, petit tour de carte, on est le six décembre de cœur ! Cachée dans la théière, tu cries joyeux, non anniversaire !
Mais tu es en retard, regarde ta montre, les aiguilles s'affolent, glisse de ton nuage, le temps est au présent !
Redeviens aujourd'hui la femme de ta vie ! Laisses-toi envahir de nouveaux souvenirs, de jolies balades au coin d'un oreiller, guidé par le murmure des caresses.
Ivre de désirs, chemine entre les étreintes voluptueuses, fantasmes et redeviens l'égérie sensuelle et romantique.
 Noella
 
 
La vie dans les rizières
 
Karishma est une jeune fille de seize ans qui aide ses parents à cultiver le riz dans un village près de Pondichéry.
Chaque matin, avec d'autres compagnes, Karishma se lève à l'aube pour profiter de la douce température avant la montée du soleil chaud et écrasant de midi. Elles sont une dizaine de travailleuses à cheminer en riant, leurs saris bariolés parsèment des tâches multicolores au milieu des champs des rizières. Le travail est harassant et répétitif. Toute la journée, Karishma courbée en deux, ainsi que ses compagnes sèment, et repiquent les épis de riz dans les diverses parcelles, suivant le murissement des champs aux teintes de vert clair au vert émeraude. Karishma a mal au dos pour tenir le rythme, le soleil tape fort déjà à dix heures du matin, la température monte à trente degrés. La sueur perle sur son front et dégouline dans ses yeux. Les pieds dans l'eau jusqu'à mi- mollets, elle doit retirer vivement les sangsues, sinon elle gardera trace de leur morsures voraces. Karishma s'accorde une courte pause pour se relever et soulager son dos. Pour se donner du courage, avec ses compagnes, elles entonnent une mélopée pour accompagner chaque geste. Rangée par rangée, les planteuses avancent régulièrement, sèment ou repiquent les épis de riz.
Leurs gestes sont mécaniques et précis d'un même mouvement, elles ploient sous la chaleur, les pieds et les mains dans l'eau alors que leurs corps sont brûlés, comme transpercés par les dards du soleil. Certains travailleurs récoltent les épis de riz mûrs, d'autres amassent et ficèlent les bottes puis les apportent vers la machine qui fait jaillir les milliers de grains de riz. Une équipe, entasse le riz dans des sacs et les ramène au village pour les trier et les sécher au soleil. De temps à autre, une plaisanterie fuse et les rires se répandent dans les champs apportant un peu de gaieté. La journée se termine avec la tombée du jour, les travailleuses rentrent au village vers leur village où les attendent leurs enfants, leur famille, harassées de fatigue, leurs corps perclus de douleurs, les membres engourdis et endoloris. Elles espèrent obtenir une récolte meilleure que celle de l'année précédente. Qu'il pleuve ou qu'il fasse chaud, voilà une journée de labeur des repiqueuses de riz.
Monique
 
L'Inde, c'est d'abord les femmes
Femmes au travail, debout ou pliées en deux.
Femmes piliers : l'une tient une barre à mine,
Le bâtiment, les chantiers, c'est leurs boulots ;
Sa compagne transporte des gravats dans une bassine sur sa tête. Souffrance au quotidien, pour quelques dizaines de roupies.
Tous les jours, sous la chaleur et dans la poussière.
Tous les jours, cet univers de force et de douleurs.
Abnégation et dignité à la fois.
Elles cassent et détruisent, portent et transportent.
Elles soulèvent tout le poids du monde,
de leur monde de misère et de souffrance
D'autres charrient les poubelles sur une remorque attachée à un vélo branlant.
Elles respirent les effluves pourries,
les miasmes de leurs villes ou villages.
D'autres balayent inlassablement.
Inexorablement.
Colette
 
Il faut se lever très tôt pour aller au marché et rapporter la marchandise qui sera plus tard sur les étals au marché. Les femmes devront préparer les places, déballer, arranger, nettoyer auparavant, puis se préparer à revendre la marchandise. Tout sera bien rangé, il faudra se courber et supporter les bruits, le monde, la chaleur parfois. Malgré tout cela, les femmes gardent le sourire. Elles ne regardent pas trop leur peine. Courageuses, elles sont vendeuses de toutes sortes de produits ou bien, elles restent courbées dans les champs.
Florence
 
Femmes blessées, meurtries, déchirées
Visage brûlé, décousu. Souffrance qui hurle silencieusement.
Elle porte son fardeau avec délicatesse, ses yeux doux, comme éteints. Ses cheveux en lambeaux découvrent son crâne morcelé.
Ses joues ensanglantées évoquent le malheur, les vestiges d'une bataille. Elle a perdu sa beauté mais dans ses yeux existe une lueur de vie, un souffle, un sursaut. Ses lèvres esquissent un semblant de sourire, de son visage émane une bonté malgré la souffrance et le désarroi.
Portrait au vitriol. Figure échappée d'un roman policier.
Elle regarde son propre visage en lambeaux
Colette
 
Reflet ou Apparition
Avez-vous déjà observé la valse des nuages voguant dans le ciel selon notre imaginaire ? Là, au détour d'un sentier dans une clairière près d'une rivière se profilent les fleurs, la mousse, les arbustes et les pierres. Lorsqu'on s'approche de la rive et après l'avoir examiné un long moment, le regard s'aiguise et peut distinguer diverses formes végétales. Avez-vous essayé de découvrir sur les flancs des montagnes des personnages sculptés par le vent et la pluie, dans les grottes les stalagmites et les stalactites aux formes animalières ? Voilà que je me trouve dans une situation similaire où la végétation foisonnante me fait penser à une sculpture façonnée et caressée par l'eau et les pierres. Devant moi selon l'angle de vue, je distingue la forme d'un œil, l'ébauche d'un nez et de la bouche et mon imagination complète le dessin du visage d'une femme énigmatique. Elle semble intemporelle laissant passer sur son visage les souffrances de la vie, témoin au fil des années de malheurs et forte d'avoir surmonté ses peurs et obstacles, la femme mystère est empreinte de sérénité et d'apaisement. Mère de tous, issue de l'eau, génératrice de la vie, ce visage me fait penser à l'apparition de la déesse des eaux.
Monique
 
Piège translucide
 
Belle nature dénaturée, tu baladais le long de tes chemins sinueux, l'amoncellement de vérités cachées. Cachées dans le passé, elles émergeaient du plus profond de tes entrailles. Au gré de tes saisons, tu choisissais de faire jaillir des pluies d'immondices ou des vestiges couleurs du temps.
Mais quel temps ? Temps couleur de lune !
À peine voilé, le clair-obscur laissait percevoir un linceul translucide, froissé, piétiné d'injures qui emprisonnait la mémoire. Mémoire de formes ? Des empreintes de corps s'étaient imprégnées petit à petit …Comme dans une danse interrompue, elle s'était figée, majestueuse dans un dernier élan de vie. Les paupières closent à tout jamais, lassent, si lassent d'avoir été le réceptacle d'images tumultueuses. Des fragrances de roses de Damas cherchaient une issue, parcourant le grain de peau malmené. Jadis il était lisse et d'une extrême douceur. Oh oui, une douceur inouïe, comme une caresse sur un corps encore chaud, abandonné et endormi.
Longtemps, son visage de déesse a illuminé et fasciné. Au fil du temps, des sillages l'on creusé, l'écume de ses larmes s'était échouée sur ces joues.
Pas de trace de cheveu, par pudeur, ce turban de fortune effiloché de souffrances, venait mourir doucement, tout doucement sur l'ébauche d'une épaule malmenée. La trace d'un sein mutilé, l'autre s'exhibant, revendiquant sa féminité, l'origine du monde à jamais enfermée.
Toutes ces douleurs à demi révélées dans ce clair-obscur imagé.
Noella
 
Stigmate du temps
L'être et le temps,
Assise, il me semblait…
Posture de la détente
Revoir en soi les épreuves
Lassitude et plénitude du temps.
La main protège le cœur comme un dernier réconfort. Le regard est lointain, il se perd dans les souvenirs.
Le corps un peu trop courbé protège la musique.
La femme dévêtue cache sa nudité, celle de sa solitude intérieure, de son intimité. L'instant s'éternise dans une confusion des sens. La posture nonchalante contraste avec la l'intensité du présent.
La lumière réchauffe le dos comme une caresse trop timide.
Le silence règne comme interrogation, il se substitue à la réponse.
Il plane une atmosphère de doute, aucun rêve ne semble réveiller l'émotion.
Patricia
 
Cauchemars
Je me trouve près d'un point d'eau après avoir couru des heures et des heures durant. Je suis épuisée, à la recherche plutôt de quelques figures humaines... Je fuis, j'ai peur un sentiment effroyable d'insécurité me glace les os, je sais que là d'où je viens l'effroyable c'est produit et que plus jamais je ne serai comme avant.
J'ai dû tout quitter dans la précipitation pour sauver ma petite peau, mes frères et sœurs ont eu beaucoup moins de chance que moi puisqu'ils sont morts brûlés après avoir subi d'horribles tortures ...
Mon village tout entier a été détruit. J'entends encore les hurlements de ma petite sœur Kaliia, âgée de sept ans et abusée par ses fous de mercenaires. Je me sens perdue et coupable à la fois, coupable de m'en être sortie sans même avoir pu sauver l'un des miens. Alors je ne suis plus que le reflet de moi-même ni tout à fait la même sans plus jamais une autre non plus...
Catherine
 
Je suis morte depuis deux mille ans, enterrée au plus profond de la terre
dans un sarcophage. Ramsès II, qui avait fait de moi l'une de ses nombreuses
concubines m'a voulu encagée, enserrée,
immobilisée par de fines bandelettes pour ne rien perdre
de ma beauté éphémère. Des archéologues sont venus troubler mon
repos, ils m'ont remontée vers la lumière et exposée,
on m'a restaurée, exposée dans une cage de verre, aux yeux de tous.
Je me vis alors dans le regard des passants anonymes,
murée dans ma solitude. Mes yeux expriment une tristesse infinie,
mon visage écorché et mes lèvres ensanglantées
Respirent de la peur, du dégoût parfois, de la répulsion.
Mon crâne chauve de vieillarde de vingt ans fascine certaines personnes.
Je fus belle, pourtant, si belle, si désirée, tellement aimée. Et me voilà maintenant, Enigmatique, mystérieuse et fragile, attirante…
Brigitte
 
Mannequin derrière la vitrine,
N'attend personne ce soir…
 
Ah, j'ai tellement dansé sur cette chanson ! Taxi Girl était à son apogée, la fougue me donnait des ailes. Plongé dans les songes des années 50, mannequin derrière la vitrine s'ennuyait fièrement. Son visage reposait sur sa main longuement gantée de blanc. Ses yeux fatigués par les néons, s'étaient fermés, épuisés de s'écarquiller dès qu'une bourgeoise entrait. On pouvait percevoir l'ombre d'un eye-liner noir parfaitement dessiné. L'œil de biche sensuel, avait dû attirer bien des regards et émoustiller plus d'un coquin. La grâce façonnait ce joli minois. Sur sa bouche pulpeuse, un souvenir de vermillon perçait le clair-obscur. La pénombre, enfin, son plus grand désir, profiter de l'accalmie de la nuit pour… car elle n'attendait plus personne. Mannequin derrière la vitre n'attend personne ce soir...
 
Noella
 
Les mères-Courage
Croyances aidant, les femmes souveraines au royal maintien et aux gestes précieux acceptent leur sort. Les visages paraissent marqués, tristes, illuminés. Témoins et gardiennes de la culture indienne, elles transmettent leur savoir. Le bruissement des tissus des saris chamarrés aux mille couleurs magnifie des corps frêles et rythme ces longues journées, assises, debout, comme en arrêt, où elles ploient sous les charges soulevées. Leurs fins poignets tintinnabulent de bracelets de cuivre ou d'argent multiples et s'harmonisent au cliquetis de lourdes boucles d'oreilles dans la ligne imaginaire que souligne un point central et coloré, juste au mitan des regards. Là, une adolescente porte son enfant à naître sous le regard bienveillant d'une prêtresse des rues offrant ses peintures pour la protection des âmes passantes. Les fumées noires ont disparu, le pays ne brûle plus ses veuves, il les parque à l'abri des regards, perpétuant le rituel, les nourrissant de misères…
Le temps ne finit pas de durer sous le poids des gestes répétés, dans le fracas lointain des prières et des murmures venus des rizières où elles redoublent d'efforts. Ces femmes courageuses et volubiles participent à l'économie, elles s'impliquent dans la vie sociale, vaillantes, infatigables.
 
Sur le chemin de la vie
Présence ici et maintenant, je chemine.
Bonheur de l'instant, éphémère souci du devenir.
Le temps passe et tout me domine.
Les anciennes coutumes assument tous les futurs.
Ici je vis, et enlève toute trace.
Pointillés en couleur, je passe…
 
Patricia
Je crée des notes de musique
Et des mots baladeurs
Venus tout droit des rêves de ces femmes.
Je valse avec les mots, les sentis, les sourires
Traverse ces couleurs
J'imagine des lettres pour tenter de comprendre
Et saisir leur vie.
Amel
 
Evoquer l'indicible, c'est " hchouma "
" Hchouma " est si délicat à traduire :
La honte, la pudeur…
Au fil des rencontres, je deviens autre(s)
Mille ans, mille identités
Dans la forêt des intolérances
Je suis un chemin de laïcité
Amel
 
 
L'isolement
Dressée comme un I, quelle aventure de l'être
Mais dressée, cloisonnée, ultra éduquée, quelle déconvenue.
Richesse et pauvreté se trouvent imbriquées, entremêlées.
Fais-tu un choix ? As-tu eu le choix ?
Perdre pieds, ne plus toucher le sol, l'autre, les autres, s'isoler.
Joies mystiques ou plus prosaïquement plaintes et ressentiments.
As-tu le choix ? Fais-tu le choix ?
Aimant en cachette ou n'aimant plus ?
Laisser les sentiments de côté, côté pile mais plus de face à face.
Travailler pour soi au détriment des autres, de l'autre, dans l'ignorance. Être en dedans et pour personne.
Parler de soi, vivre de ça, dans la convective du temps, fais-tu le choix ?
Elle ment, il ment, jeux de dupes… Tu mens, je mens et puis le vide…
Amants, aimants, et les mensonges… Tu as fait le choix !
Patricia
 
Silence d'une souffrance
Le temps d'un regard et tout se bouscule. Rage d'exister, ou espoirs en déclin, le monde vacille, les pieds se dérobent… Perdue au milieu de tout, il n'y a plus rien. Ce n'est plus la peur des autres qui nous envahit, mais la peur de soi.
Jenny
 
Bienveillance
Venu du latin " bene volens " qui par la suite nous a donné le mot féminin " benevolence ". Elle est une disposition affective d'une volonté qui viser le bien et le bonheur d'autrui. La bienveillance des divinités posée sur moi, purifie mon karma, souligne mes émotions, accumule du mérite dans une heureuse réincarnation.
Amel
 
La rébellion
Dans la vie pour exister, il faut se faire entendre, crier parfois, mais il existe également une autre forme de rébellion par le silence, mais accompagné de l'acte. Il me semble que c'est le fait le plus marquant, car les mots inutiles sont remplacés par des attentions, des attitudes déterminantes et persuasives.
On dit toujours " Montre l'exemple et on t'écoutera ".
 
 
Le travail des enfants
Dans certains pays pauvres, l'exploitation des enfants au travail se fait usuellement. Combien de jeunes enfants, âgés à peine de quatre ans, sont utilisés pour ramener et casser des pierres ?
Par leur jeune stature, certains enfants s'enfilent dans de longs tunnels ou de profonds puits pour ramener à la lumière du charbon, ou simplement l'eau qui servira au village. Par leur habileté manuelle, les enfants-esclaves tissent, brodent des mètres de tissu à longueur de journée pour un misérable salaire. Ces enfants ont leur enfance, leur adolescence volée, et dans leurs yeux la tristesse et l'amertume se reflètent déjà. Peuple d'esclaves au XXIème siècle où les grandes firmes anéantissent leur avenir et écourtent inexorablement leur existence sur la terre. Voici un des tristes exemples de la civilisation des nantis et des laissés pour compte.
Monique
 
La Séduction
La petite fille possède déjà en elle le germe de la séduction, aguicheuse, minaude, manipulatrice, elle sait, d'instinct, être en haut de l'affiche. Plus âgée, elle vit dans et par le regard de l'autre, se construit grâce à son approbation, elle imite ses aînées, fait ses classes…
 
La Beauté
Toute relative, la beauté est indéfinissable. Différente pour chacune. Cela pourrait être : un regard limpide, un sourire rayonnant, des cheveux flamboyants, un teint de geisha, un joli port de tête, une silhouette gracile, une démarche de danseuse… Un parfum subtil et vénéneux, envelopperait le tout.
Brigitte
 
L'égalité réelle
Faudrait-il créer un ministère de l'égalité réelle ?
Un Sous-Secrétariat d'Etat contre la soumission ?
Un Commissariat Général à la question machiste ?
Faut-il envisager une Commission d'études
Contre l'Isolement ?
Des séminaires pour faciliter la rébellion ?
Un décret instituerait-il la tolérance ?
A quand le Concours Général de la Séduction ?
La formation permanente à la Beauté ?
Quant au projet de Ministère aux questions essentielles, la difficulté pour trouver un postulant le laisse pour le moment en jachère…
 
Alain Bellet
 
 
En partant d'une phrase de femmes écrivains
J'accepte la grande aventure d'être moi (Simone de Beauvoir)
 
Et les questions existentielles qui suivent…
Se connaître vraiment peut nécessiter l'aide d'un psy pour dépasser les blocages, les inaptitudes ou changements, la crainte de se découvrir en vérité. Ombre et lumière… Etre soi, s'accepter avec ses superstitions, ses limites, ses apriori, ses jugements de valeur, ses emprisonnements. La grande aventure d'être soi, c'est peut-être l'histoire de toute sa vie, sa curiosité, son goût des autres.
 
A quelle porte fallait-il frapper pour envisager d'entrevoir l'étincelle d'un ailleurs qui l'aurait entrainée loin de ces paysages mille fois vus et revus ? (Annie Cohen)
 
Difficile choix, laquelle ouvrir et qu'allons-nous découvrir derrière cette mystérieuse ouverture ou entrée vers un nouveau monde, se diriger vers l'inconnu, la connaissance de nouveaux partenaires courage ! Difficile choix celui de " l'entrevoir ", de voir ensemble, d'imaginer un monde nouveau. Où va-t-on être entraîné à nouveau ? Vers des paysages, des choix inconnus, que va-t-on découvrir ? Ces paysages mille fois vus et revus, ne sont-ils pas à redécouvrir sans cesse ? N'y-a-t-il pas une continuité nécessaire ? Pour voir plus et plus loin. Je saute à pieds joints dans un terrier. Je glisse sur l'herbe humide et douce, j'arrive à l'orée de la forêt. Des petits dessins gravés sur les portes des chênes m'invitent, mais lequel choisir ? Toc, Toc, Toc, je rentre pour entrevoir l'étincelle d'un ailleurs…
Etincelle de joie et de lumière, amour et lumière, qui laisse des traces au-delà des cailloux gravés, au-delà de cette porte qui nous entraine dans le futur. Voyage au fin fond des entrailles de la terre, découverte toujours renouvelable, porte ouverte sur un ailleurs inconnu. Mais avant qu'elle ne soit ouverte, elle reste parfois fermée et l'on stationne devant en l'attente de son ouverture.
Faut qu'elle s'ouvre, que quelqu'un l'ouvre, gardien de porte, gardien du cœur, fonctionnaire d'une nécessaire évasion… ?
Elle attend ainsi des jours et des jours, freinée dans sa quête. Peut-être, Alice l'emmènera-t-elle au pays des merveilles ?
 
Elle s'arrête, va retrouver sa robe de mariée, l'enfile, se dirige vers le miroir (Anca Visdei)
 
Elle a l'âge des rêves, petite fille, elle avait déjà dessinée sa robe d'Amour. Robe à " danser ", inspirée de Sissi Impératrice, robe pour " Aimer ", inspirée d'Angélique, Marquise des anges.
C'était une belle alchimie, pleine de promesses.
Concrétiser ce doux et merveilleux rêve, tourbillonner, virevolter encore et garder à jamais ce joli souvenir que renvoyait le miroir magique. Quelle image, celle d'une jeune fille de " rêve " !
Elle inspire l'amour d'une princesse à la robe froufroutante, au diadème en strass et en perles.
Elle rêve à l'amour, l'amour avec un grand " A " ! Mais peu à peu l'amour avec un grand " A " avait muté " Ah ", parfois " Ha " ! Maintenant le son de la lettre magique s'était tari. Il ne lui restait que la robe, le diadème, les perles de pacotille.
L'amoureux s'était dissous dans l'indifférence... Et dix sous au pays de l'indifférence, c'était déjà beaucoup.
Dans ce royaume ou tout était compté, il fallait faire vite, car même le temps coûtait beaucoup d'argent. D'où l'expression actuelle : " payer argent content " Le temps est précieux, et dans le royaume, tout était prétexte à comptabiliser chaque moment.
Voilà pourquoi s'est installé l'indifférence, elle ne permet plus de vivre l'instant présent, de savourer le moment. Monde cruel et désolant. La rêverie n'existe plus, l'espoir également.
Saoul, saoul, saoul... sous le balcon.
N'existe- t-il plus une Juliette pour un Roméo, un Roméo pour Juliette, femme active, décidée, femme d'entreprise.
Roméo se mutera-t-il en doux, être écoutant, enveloppant ?
Les rôles peuvent-ils s'échanger pour le plaisir du doute et de l'avant, l'avancée ?
Elle ne vit plus de rêve. Elle manque de maturité.
C'est le temps de l'indifférence.
 
Toi et toi. Et toi encore… (Annie Saumont)
 
Ceci n'est pas un reproche mais que veux-tu encore faire ou bien me dire. Tout a été clairement exprimé, quand c'est fini, c'est fini. Demain je serai déjà bien loin. Il n'y a plus rien à faire ou à dire. Pourtant, on s'est aimés follement, disputés âprement, réconciliés mille fois.
Nous avons bâti ensemble cette jolie maison dans la campagne berrichonne et trois beaux enfants y sont nés. Qu'avait-elle de plus que moi cette anglaise de passage sur le chemin de Compostelle, celle que nous avons hébergée, nourrie, écoutée, maternée ?
Toi et toi, toujours toi, pauvre toi, petite chose égoïste, si le pèlerinage t'a mené à la trahison, ne reviens pas pour le pardon. Ceci est sans appel. Ne te retourne pas, n'espère pas ma compassion. Toujours et encore ! Fuis bien loin et tu entendras encore ma sentence. C'est fini. Ne perdons pas notre temps à épiloguer ou à chercher des points de ralliement. Oui, la campagne et la maison sont belles et nos enfants magnifiques. Mais cela est loin et tu m'as trahie.
C'est fini. Et puis au fond, Compostelle, je m'en fous ! Je n'ai pas envie de me prendre pour un coquillage ! Pas envie de traîner mon existence dans la saga des crustacés ! C'est assez, je ne suis ni pèlerin, ni pèlerine, entiche-toi des coquilles de ton choix, sans moi ! Dans la sombre palette des crustacés, il y a les mollusques, les araignées de mer, les pieuvres qui, avec leurs bras gigantesques essayent elles aussi de vous enlacer pour mieux vous retenir. Alors toi, qui que tu sois, essaye encore et tu verras ! Essayer quoi ? De se délivrer des tentacules de la vie ? De soi-même ? Toi, qui es-tu ? Que fais-tu ? Existes-tu ?
Le temps d'un songe, tu te dresses devant moi, stature imposant le respect et l'envie. Tu me souris et d'un regard tu m'entraînes vers l'Eternel…
 
J'avais envie que le moment passé avec lui demeure
(Catherine Millet)
 
Tous les deux enlacés sur le quai de la gare, après quelques précieux instants volés à leurs vies respectives, ils rêvaient d'un possible ailleurs. Mais comment imaginer la suite ou la fuite ?
Si nous prenions le train et partions vers des horizons lointains, hors des sentiers battus, vers une liberté retrouvée ; échapper à la vie triste du quotidien. C'était dit, les jeunes gens s'embrassèrent. Ils riaient de réaliser enfin leurs rêves. C'était un moment euphorique et ils eurent envie de le partager avec les autres. Ou bien le garder comme un joyau, un trésor personnel qu'ils pourraient contempler à l'infini. Un mystère d'instants de vie dans lequel ils pourraient puiser force et recommencement comme une peinture éblouissante de merveilles à revivre. Ou bien, ils rêvaient d'autre chose, voulaient aller dans un coin ou un pays où il n'y aurait qu'eux. Et pourquoi pas une île déserte ?
- Moi, j'avais envie que la rencontre perdure. J'avais envie que l'amour rayonne, m'embrase, m'incendie, me tétanise, m'électrise. J'avais envie d'un moment doux, chaleureux, enveloppant, sur le quai de cette gare de campagne déserte. Toi et moi, ici et maintenant, à jamais ! A jamais ton parfum qui caressait ma joue, embaumait le tulle de notre ciel de lit. Je l'ai gardé emprisonné dans mon oreiller. Je l'ai respiré, humé, caressé, comme un cadeau éphémère et éternel, un joyau à la valeur inestimable, une perle à la chaleur intense, un amour incommensurable. Je t'ai choyé, et fui, je t'ai inventé, toujours et encore, j'ai gardé ce moment précieux comme une vague qui vogue sur une mer turquoise.
- Nous étions sur le quai de la gare désaffectée. Nous étions seuls sur le quai de cette gare dont les rails avaient été arrachés. Nous étions seuls sous l'horloge aux aiguilles à jamais arrêtées. Seuls, face au bâtiment muré. C'était la gare d'un voyage d'où l'on ne revient jamais, où les trains ne passent plus, et où le temps s'amuse à nous déboussoler. Nous étions arrêtés dans un espace infime qui nous appartenait et le quai déserté nous offrait ses longs bras pour nous y blottir à jamais.
 
 
Lettres
 
NOELLA : Ma Lola chérie
Un, deux, trois, pleine lune, ma petite Lola adorée, je t'invite à jouer, ouvre tes grands yeux malicieux et curieux.
1/ Tu prends tes craies préférées, rose, violette, verte, jaune, stop, je te conseille d'attraper l'arc en ciel pour redessiner l'innocence de tes sept ans, bariolée de cris joyeux et de fous rires.
2/ Affirme ta liberté d'expression, chantes, danses, dessines et écris sur tous les supports improvisés et surtout interdits!!! Interdit, on t'avait bien mis en garde, rappelles toi, les marges de tes cahiers, tu expliquais avec candeur que tu t'ennuyais.
Bercée par les contes des Mille et une nuits, tu n'avais qu'un pas à franchir pour être dans les étoiles et ton premier livre, l'âge heureux, les petits rats de l'opéra, te fascinaient. Chorégraphe en herbe, tu improvisais sauts et arabesques sur la plus belle scène du monde, ton jardin, le bonheur en tutu bleu ciel. Petite Lola, tu savais bien que l'instruction n'était pas que dans les livres, mais aussi sur les sentiers de ton imagination fertile ! Rappelle-toi, tes crobars à la craie blanche sur les trottoirs ! Devant la maison. Les allées du jardin ou tu inventais des graphismes agrémentés de petits cailloux et de fleurs, et quand tu ajoutais un peu d'eau, tu bricolais Versailles en culotte courte. Tu éclatais de rire quand Rita, beau labrador noir, surgissait pour t'aider. Avec ses grosses pattes, elle composait des œuvres aléatoires. La craie sur son doux pelage noir était du plus bel effet. Tu accompagnais souvent ton papa chez le marchand de couleurs, la caverne d'Ali Baba pour apprentie bricoleuse, tu repartais avec des trésors de créativité, tel du plâtre, nul ne se doutait de l'usage que tu allais en faire. Animée par ta curiosité, tu expérimentais tes idées sur les poules et les pattes de Rita. Complices, vos huit pattes pèle mêle, se vautraient dans l'herbe, elle te léchait, tes mains entouraient et caressait son large cou potelé sous le pommier en fleurs.
3/ Rapproche ton coeur du soleil, juste le temps de le réchauffer pour retrouver ta palette d'épicurienne. Un, deux, trois, soleil, retourne-toi, retourne-toi plus loin, ton enfant intérieur te tends les bras ! Tes Lola.
 
 
COLETTE : lettre à une jeune fille
Je te préviens, jeune fille, la vie est belle et tu dois la garder comme telle. La vie est un souffle qui t'emmène loin ou tout à côté, comme une plume qui atterrit dans un jardin, sur un balcon. Veille à conserver ton intégrité et respire en elle. Bouges, danses, aimes et tu verras les oiseaux se poser à tes pieds. Invite la vie comme tu invites le beau garçon que tu admires et que tu aimes. Et si les conseils d'une femme mûre peuvent te paraitre obsolètes, affirmes toi, rebelles toi et prends le meilleur. A chaque journée qui passe, tu peux trouver du bonheur et du plaisir, tu peux entourer de tes bras affectueux tes proches et tes amis. Profites de chaque instant car chaque minute compte. Efface le chagrin ou l'amertume. Détourne le temps en ta faveur.
La jeunesse s'invite à tout âge. Il suffit de savoir la voir.
 
BRIGITTE : Lettre à ma Maman
… Nous avons tout intérêt à vivre en bonne intelligence, à trouver la bonne distance, et à nous aimer pendant qu'il en est encore temps. Tu m'es infiniment précieuse. Ne gâchons rien. Après, il n'y aura que les souvenirs. Je les veux, lumineux et heureux.
 
JENNY : Lettre à cette petite fille
A cette petite fille que j'ai croisée dans la pénombre du jour…
J'y ai vu mon passé, cette ignorance du monde à venir. Tu n'étais qu'une enfant, le doux visage souriant, avançant vers moi. Et pourtant, je ne pouvais guérir mes inquiétudes. Face à moi, le monde et ses torpeurs, le vacarme silencieux, les promesses oubliées. Tout ça, il faut l'effacer de ton esprit. N'abandonne jamais ton envie de vivre, même si les autres ont oublié ce que cela signifie.
Promets-moi de savourer cette unique chance d'être toi. Laisse-moi rêver encore un peu à travers ton sourire...
 
 
Qu'est-ce que cela m'apporte d'écrire,
De mettre au jour mon intériorité ?
 
Colette - L'atelier d'écriture m'apporte beaucoup car c'est un moment d'échange et de partage d'émotions, de sensations. C'est un lieu où chacune amène sa touche personnelle, poétique, drôle ou simplement humaine. C'est bien sûr un lieu de réflexion sur le monde qui nous entoure à travers le thème " Paroles de femmes ". Nous sommes des femmes aux personnalités différentes et grâce à nos sensibilités et nos perceptions personnelles du monde des femmes, nous apportons des témoignages divers selon nos passés et nos vies actuelles. Nous sentons, nous palpons les sujets de bien des manières et c'est pour moi un enrichissement que de découvrir à chaque fois de nouvelles facettes de ces femmes que je côtoie le temps d'un moment de création. Nous prenons toutes " la parole " de façon différente car nos vies sont différentes de même que celles des milliards de femmes de la planète, chaque vie avec ses joies ses peines, ses sensations, ses façons d'être et d'exister. Nous faisons toutes partie du féminin, quoi de mieux pour parler des femmes ?
 
Noella - L'écriture " émoi "
Qu'elle que soit l'humeur du moment, tu me mets en " joie ". La plume me transporte dans des univers parallèles, qui à chaque fois m'inspirent pour libérer une explosion d'émotions. Tour à tour, je suis toi ou elle, pour atteindre le réceptacle de mes " mémoires" joyeuses ou pas ! Joyeuses ou pas, ces réminiscences resurgissent pour apaiser mon âme, ou réjouir mon cœur d'enfant. Après chaque histoire, je n'ai qu'une envie, être de nouveau envahie par le désir. Sentir dans tout mon être le bonheur m'enlacer, esquisser un sourire qui deviendra rire. Tu me mets en joie et mes yeux pétillent, insoumise, tu as titillé les affres du désespoir pour illuminer et ré enchanter ma vie. Merci de m'offrir ces jolis instants, suspendus dans le temps !
 
Monique - L'écriture m'aide à me libérer du quotidien, par les mots j'exprime mieux qu'oralement peut-être parce que je choisis les mots qui m'aident à coordonner ma pensée. Au-delà des mots, je m'extériorise et parviens à dire et partager mes idées. J'adore déjà lire les romans autobiographiques, les récits des pionniers à la découverte du monde, les récits qui retracent une époque et me font connaître les horizons que je ne visiterais pas. Souvent lors de mes pérégrinations, je note dans un carnet mes sensations et impressions vécues sur le moment et lorsque je relis mes observations, je me remémore mes voyages et tente de les décrire et les faire partager dans mon blog, les voyages de Monic. C'est astreignant mais cela m'aide à supporter la vie pleine d'embûches, de joies et de bonheur.
 
Catherine - Les drôles de dames en " Paroles de femmes "
Oui, quand je pense à nos rendez-vous en écriture, je me dis
vivement que je retrouve Charly et ses drôles de dames.
Effectivement, à chaque séance, une aventure, un nouvel épisode,
avec ses moments de frissons garantis, beaucoup d'émotions
et de partage dans la joie et la bonne humeur où chacune
avec sa singularité peut exprimer ses ressentis.
Entre elles, pas d'esprit de compétition, plutôt une communion.
Il y a : les rieuses, les joyeuses, les pétillantes, les résilientes,
les baroudeuses, les hésitantes, les satisfaites, les distraites,
les discrètes, les bavardes, les hésitantes, les exigeantes,
les contentes, les méfiantes, les cinglantes, et toutes les autres
qui au fil du temps se dévoilent.
De nature exigeante, perfectionniste et par conséquent
Eternellement insatisfaite de mes productions, j'apprends à lâcher
prise à vos côtés et sans que vous le sachiez, je vous en suis
reconnaissante. Alors, vivement le prochain épisode, sans oublier de tous vous remercier pour nous permettre d'expérimenter à écrire
sans nous juger, juste pour le plaisir.