-
- Qu'est-ce
que la République ?
-
- Rappelons-nous
l'origine latine du mot : res publica, la chose publique.
En France, trois notions, trois réalités
différentes se chevauchent pour n'en faire qu'une
dans la tête du plus grand nombre : la Nation, la
République, l'État.
- Pourtant
avant 1789, cette Nation était composée de
peuples différents, breton, basque, picard,
flamand, normand, etc… La République que nous
connaissons, a succédé à la mise en
place après la Révolution de 1789 d'une
monarchie constitutionnelle à l'anglaise. Les
peuples de France ne souhaitaient alors que la
démocratie, du pain et davantage de
justice.
- L'État
est l'outil de survie et de pérennité de
notre République. Pourtant aujourd'hui, ces
notions se confondent dans les esprits, nous parlons
indifféremment de Président et de Chef de
l'État à qui les journalistes donnent
souvent des pouvoirs " régaliens "…
Derrière les glissements sémantiques, la
démocratie réelle doit être toujours
questionnée.
- La
République est un système politique dans
lequel la souveraineté appartiendrait au peuple
qui exercerait le pouvoir politique directement ou par
l'intermédiaire de représentants
élus. Ceux-ci reçoivent un mandat pour une
période déterminée et devant la
nation toute entière ils sont responsables de
leurs actes. Par ses représentants, le peuple
resterait la source de la loi. L'autorité de
l'État, qui doit servir le " bien commun ",
s'exerce sur des individus libres et égaux par un
ensemble de lois organisant et protégeant la vie
de tous.
- Dans
leurs sens originels, les termes de République et
de Démocratie sont assez proches, cependant le mot
République permet de faire la distinction avec les
régimes parlementaires monarchiques à
l'anglaise ou à l'espagnole, par exemple.
- De nos
jours en effet, l'utilisation du terme République
dans la désignation d'un état, ne suffit
pas à faire de celui-ci un état
démocratique, notamment si une partie de sa
population ne peut présenter des candidats aux
élections ou simplement bénéficier
du droit de voter. Certaines républiques ne sont
pas démocratiques, comme c'était le cas du
Chili du général Pinochet, de l'URSS
communiste ou de l'Iran des ayatollahs. Derrière
le mot république de terribles dictatures ou des
régimes théocratiques peuvent se
profiler…
- Les
républiques existantes peuvent aussi correspondre
à des réalités organisationnelles
différentes :
- "République
dite une et indivisible, comme la France, l'Italie...
- République
fédérale constituée d'États
indépendants, comme l'Allemagne, les Etats-Unis
d'Amérique…
- ne
république peut aussi être une
fédération d'états autonomes,
combinée à une démocratie directe et
représentative comme la Suisse
- Fédération
d'états semi-autonomes et de provinces
dirigées directement : actuelle
Fédération de Russie …
- Enfin,
suivant le mode de représentation et
l'organisation des pouvoirs, on peut aussi distinguer des
républiques parlementaires (Italie, Allemagne) ou
présidentielles (Etats-Unis) ou encore
semi-présidentielles comme la France depuis la
constitution de 1958 voulue par Charles de Gaulle
(article 16 donnant le droit au président de
décréter l'État d'Urgence et
d'être le chef des armées et de la politique
étrangère).
-
- Comment
se sont constituées
- les
valeurs fondamentales de la République
?
Avant
d'aborder le thème précis de ce premier
rendez-vous, quelques éclairages vers l'Histoire
s'imposent. Depuis le renforcement de la
féodalité (XI° siècle), et ce
pendant de longs siècles, la France était
un royaume catholique intolérant, maltraitant ses
communautés juives à la
périphérie des remparts des villes,
exterminant les Cathares dans le sud de la France (1200),
participant aux croisades en terre Sainte pour
délivrer le tombeau du Christ en pays musulman.
Lorsqu'apparaissent en Europe l'imprimerie (1472) la
lecture de la Bible et la religion Réformée
(luthérienne et calviniste, 1530), les choses se
compliquent… Les rois de la Renaissance veulent
imposer leur religion à l'ensemble de
leurs
sujets. Des conflits religieux éclatent, des
guerres civiles s'allument dans toutes les provinces et
l'horreur du massacre de la nuit de la
Saint-Barthélemy dans Paris et une vingtaine de
villes du pays (24 août 1572) ensanglantent le
royaume de France. L'État monarchique est
déstabilisé.
- Derrière
ces oppositions parfois dramatiques, une première
question centrale peut être formulée de la
manière suivante :
- -
Comment concevoir et réaliser l'harmonie des
peuples de France ?
- -
À la manière du roi Henri IV et l'article
premier de l'édit de Nantes, dit
de
Tolérance, introduisant
un étonnant " Devoir d'oubli " ?
- - En
affirmant le "Devoir de Mémoire" contre les
intolérances d'État et les totalitarismes
?
- - En
renforçant les barrières entre la
sphère publique et la sphère privée
pour combattre les intolérances grandissantes
?
-
- Le lent
cheminement d'une idée
novatrice
-
- L'idée
d'une République qui remplacerait les rois
inutiles et coûteux cheminait déjà au
Moyen-Âge avec l'apparition d'une bourgeoise
marchande et déjà pré-industrielle
comme classe sociale constituée, désireuse
de conduire et de diriger la politique de la cité.
Le tisserand Etienne Marcel, Prévôt des
marchands de Paris, dirige une armée de six mille
hommes et lors de sa révolution municipale tente
de renverser le jeune roi Charles V en
1358…
- Aux
origines de l'idée même de
République, au XVI° siècle, le
Bâlois Sébastien Castellion s'oppose
à Jean Calvin et à Théodore de
Bèze, guides spirituels, mais aussi chefs
politiques de la république théocratique de
Genève. Il élabore l'urgence d'une
différenciation entre les croyances individuelles
et la société collective et plurielle, en
exigeant avec force " la séparation de la foi et
du magistrat ! "
- Au
début du XVII° siècle, Olivier
Cromwell et ses Têtes Rondes renversent la
monarchie anglaise et décapitent le monarque de
droit divin. Au milieu du XVIII° siècle, le
Président du Parlement de Bordeaux, Charles Louis
de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu,
élabore son Esprit des lois, portant la
nécessaire séparation des pouvoirs
(exécutif, législatif, judiciaire) pour
créer une démocratie véritable,
enfin à sa suite et à son exemple les
Insurgents américains s'élèvent
contre la colonisation britannique, et une fois
vainqueurs par les armes, ils construisent une
république moderne...
- Pour
revenir aux sources du débat, avec la
Révolution Française qui a duré
près de dix ans, le parlementarisme
représentatif s'impose contre l'absolutisme.
Reprenant la devise des sociétés
fraternelles et maçonniques, des valeurs nouvelles
sont conçues et défendues, la
liberté, l'égalité, la
fraternité… Elles s'affirment comme devant
être les valeurs fondamentales de tous… La loi
d'abolition des Privilèges de la noblesse (4
août 1789) et la déclaration des Droits de
l'Homme et du Citoyen (26 août 1789) et constituent
indéniablement la matrice première de notre
République, accompagnées il est vrai par la
condamnation à mort pour trahison du roi Louis XVI
et son exécution publique le 21 janvier 1793. La
constitution civile du clergé clarifie alors la
nécessité de séparer l'église
et ses instances partisanes de la société
civile. Le refus de cet élément majeur par
des prêtres réfractaires à cette loi
de la Convention et leurs partisans monarchistes conduira
aux sanglantes guerres de Vendée (1793-1832)
contre la République, avec leurs cohortes de
malheurs, de destructions et de victimes en
masse…
-
-
- Le
bien commun et les idées
singulières
-
- Le
cheminement des valeurs républicaines trouve son
origine dans la division claire entre la
société collective et ses instances
publiques, d'une part, des croyances personnelles et
singulières d'autre part, l'ensemble pouvant
cohabiter grâce à l'existence d'une
réelle tolérance organisée et
légiférée. Après le concept
de liberté de conscience né au temps
d'Henri IV, puis celui de tolérance civile
élaboré par l'écrivain Angliviel de
La Beaumelle et le pasteur Paul Rabaut, on arrivera
ensuite progressivement à la séparation
réelle des églises et de l'état et
à la nécessité de la mise en
œuvre d'un outil majeur qui en est le seul garant :
la laïcité (loi de 1905).
- Cette
clarification faite, il convient d'apprécier le
chemin parcouru depuis la révolution
française. En effet la route balbutiante de la
République a été stoppée
violemment à plusieurs reprises, par la
dérive impériale de Napoléon Ier
(1799-1815) et de son neveu Napoléon III
(1851-1870), par les retours à la monarchie
absolutiste de Louis XVIII et de Charles X (1815-1830),
par une tentative de monarchie constitutionnelle avec
Louis-Philippe Ier (1830-1848), enfin par le pouvoir
vichyste de Philippe Pétain (1940-1944). La vie
publique du XIX° siècle a par ailleurs
été marquée par plusieurs
révolutions (Juillet 1830, Février 1848,
Commune de Paris) où se heurtèrent des
conceptions différentes, le peuple rêvant
d'une république sociale plus fraternelle d'un
côté, une république bourgeoise et
libérale gérée par les
possédants et l'ensemble des acteurs
économiques d'un autre
côté.
|
-
La
République démocratique et la
république sociale s'opposent tout au long du
XIX° siècle, (derrière les mots
Citoyens ou Camarades, et derrière les drapeaux
rouges du prolétariat ou tricolores de la
République…) La seconde sera battue à
l'occasion de la défaite de la Commune de Paris en
mai 1871. La classe ouvrière définitivement
désarmée, d'autres formes de
résistance et de revendications remplaceront les
révoltes et les émeutes populaires avec la
constitution d'organisations ouvrières et
l'apparition de la menace permanente de grève
comme outil de pression et levier social.
- Depuis
le début du XX° siècle, la
République comme organisation politique n'est plus
remise en cause ni combattue. Elle se veut indivisible,
doublée d'un état indivisible. Mais
rappelons ici que cette conception Jacobine de la
République portée par Robespierre et les
Montagnards s'est imposée par l'exclusion et la
mort, après s'être opposée au
fédéralisme que défendaient les
députés Girondins.
- Il
s'agit d'une organisation caractérisée par
l'existence d'une Constitution et plusieurs
critères précis :
- Un
État unitaire et l'unité du peuple lui
correspondant.
- Un droit
qui s'applique de matière similaire sur tout le
territoire
- L'égalité
des citoyens devant la loi
- L'élaboration
de la loi par l'instance qui détient le pouvoir
législatif, l'Assemblée
nationale.
- L'usage
exclusif du français dans la vie
publiqu
- Pour
arriver à cette réalité,
rappelons-le, un long chemin a été parcouru
durant plus de deux siècles, passant par la
destruction des anciennes provinces de l'Ancien
régime, la suprématie d'une conception
centralisatrice contre toute forme de
fédéralisme, l'extinction, voire
l'interdiction des langues régionales, enfin la
création de l'école publique (1881-1882)
ayant la mission claire de faire éclore de futurs
citoyens attachés à la nation
française.
- Le
principe d'indivisibilité est affirmé dans
l'article 1, alinéa 1 de la Constitution de la Ve
République : " La France est une République
indivisible, laïque, démocratique et sociale.
Elle assure l'égalité devant la loi de tous
les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de
religion. Elle respecte toutes les croyances. Son
organisation est décentralisée.
"
-
- La
République française, aujourd'hui
?
Pour
l'homme politique de la IV° République Pierre
Mendès-France :
- " La
République doit se construire sans cesse, car nous
la concevons éternellement révolutionnaire,
à l'encontre de l'inégalité, de
l'oppression, de la misère, de la routine, des
préjugés, éternellement
inachevée tant qu'il reste des progrès
à accomplir. " (Pierre Mendès France -
1907-1982 - Sept mois et dix-sept jours).
-
- Pour
l'écrivain et essayiste Régis Debray :
- "
Comme l'Homo sapiens est un mammifère plus, la
République est la démocratie plus. Plus
précieuse et plus précaire. Plus ingrate,
plus gratifiante. La République, c'est la
liberté, plus la raison. L'État de droit,
plus la justice. La tolérance, plus la
volonté." Régis Debray -
(Êtes-vous démocrate ou républicain ?
1995)
-
- Depuis,
la République démocratique à la
française se veut être le cadre
institutionnel du Droit et de la Justice. L'État
dirigé par, et se confondant avec
l'Exécutif et ses pouvoirs séparés,
est alors un outil à son service pour organiser le
bien commun… Pourtant et nous en reparlerons, durant
plus d'un siècle, les femmes seront les grandes
perdantes de cette évolution…
- Les
institutions de la société française
et les religions existantes cohabitent aujourd'hui,
relevant d'une sphère publique d'un
côté, d'une sphère privée de
l'autre…
- Si
l'État que nous connaissons reste l'outil du
système républicain, il demeure le bras
armé du respect du droit et de la justice. Il est
le garant des institutions et à cet effet exerce
les pouvoirs de police et de justice, même si
l'institution judiciaire rêvée par
Montesquieu doit protéger son cesse son autonomie.
- Évidemment,
le système devrait être perfectible et
d'aucuns soulignent aujourd'hui un déficit de
démocratie réelle et un éloignement
des valeurs fondatrices de la République qui
devraient se trouver davantage aux commandes pour
construire un monde plus juste. Face aux
inégalités sociales, la revendication
égalitaire reste en effet fondamentale. Une
fraternité active s'impose toujours contre les
rejets d'autrui, pour davantage d'altérité.
L'affirmation d'une liberté réelle et
citoyenne demeure nécessaire pour s'opposer
à la violence.
- Alors,
par-delà l'institution, la Justice reste un cadre
légal et un grand secteur de l'ETAT, mais aussi
elle est une aspiration nouvelle pour davantage de
libertés. Le droit, est-ce les lois votées
et respectées mais aussi des acquis à
protéger, de nouvelles aspirations à faire
entendre, faites de luttes contradictoires et
d'espérances ?
-
Alain
Bellet
Photographies
Patricia Baud
-
|
- Ecrire
"sa" ville
républicaine
- et
l'illustrer
-
Balades
contées, parcours-visites
- Reportages
photographiques
|
-
Les
périodes historiques traitées, les sujets
qui en découlent et les lieux visités
répondent à la question : qui et comment a
été élaboré notre état
?
- -1/
la cité médiévale Le cœur de
Paris, la place de Grève, Ile de la Cité,
Notre-Dame…
- Place de
la religion hégémonique, le rapport
excluant avec les autres croyances (expulsions des Juifs,
les croisades contre les Musulmans), les
communautés religieuses et leurs rôles. Le
Sacré et le symbolique....
- -2/
Le Paris de la Renaissance Quartier latin :
Saint-Jacques, place Maubert…
- Le
développement culturel, le rôle de
l'imprimerie, le dépôt légal, la
discussion des dogmes, les valeurs humanistes, le combat
de l'Etat contre la Réforme
calviniste.
- -3/
L'époque classique Le Marais, place des Vosges, le
Palais du Louvre…
- Les
guerres civiles, l'Edit de Tolérance (Nantes) et
l'Edit de révocation (Fontainebleau).
L'intolérance du pouvoir et son rayonnement. La
guerre des Camisards.
- -4/
Le siècle des Lumières, Bastille et
Faubourg-Saint-Antoine, Concorde, l'Assemblée
nationale, les Tuileries, les jardins du Palais
Royal
- L'anti-absolutisme,
la lutte contre l'obscurantisme, la révolution
française, la Constitution, la
désacralisation, les droits de l'Homme, le droit
et les questions de tolérance civile.
- -5/
Le XIX° siècle Le Paris des passages
couverts, la Bourse, l'Opéra…
- L'instauration
de la République, l'abolition de l'esclavage, la
colonisation, l'industrialisation du pays, les luttes
ouvrières…
- -6/
Fin XIX° et XX° siècles,Faubourg du
Temple, Belleville
- Le
peuple, la main d'œuvre, les coopératives,
les mutuelles, la Commune de Paris, la
laïcité et la séparation des
églises et de l'état, l'éducation
gratuite et obligatoire…
- Démarche
pédagogique
- Le but
des parcours thématiques sera de confronter
certaines idées reçues, des connaissances
partielles ou théoriques à l'histoire
recomposée et vivante du conteur. Ce faisant, le
projet reviendra sur des connaissances trop abstraites ou
partiellement oubliées car elles sont souvent peu
mémorisées. Pour être retenues, il
est nécessaire que les apports éducatifs
soient compris dans une relation dialectique et logique
aux enjeux des époques évoquées pour
déboucher in fine sur des histoires fictionnelles
recomposées et vivantes.
- Des
préjugés s'installent lorsqu'il n'y a pas
de compréhension effective de l'histoire et de ses
avancées sociales, économiques,
philosophiques, mais aussi de ses freins et de
l'état des forces contradictoires. Le projet
instaurera le questionnement systématique, la
confrontation des idées et des connaissances.
-
-
-
Renseignements
- ASSOCIATION
ACTIVE - 06 30 50 73 07
- association-active@wanadoo.fr
-
- Partenaires
touchés par cette proposition citoyenne
:
- Quartier
Fontaine au roi (11e) Foyer Le Picoulet
- Quartier
Stalingrad-Riquet (19e) Centre Espace 19 Ardennes
"Partages des Savoirs" Quartier Belleville Aires 10, rue du buisson St-Louis (10°)
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