Jacou le paysan se rendit rapidement au château de Pierre le Cruel.
A la herse, les gardes l'arrêtèrent. Il leur montra le faisan bagué et déclara :
- Je viens annoncer une mauvaise nouvelle. Laissez-moi passer.
- Reste ici. Je vais demander au Duc s'il veut te voir.

Le paysan attendit un long moment le retour du garde. Enfin, le soldat revint et lui dit :

- Le seigneur te demande. Suis moi !
Les deux hommes entrèrent dans la basse-cour du château. Des chevaux ardennais broutaient l'herbe verte. Quelques volailles grattaient le sol pour trouver des vers de terre. Près de l'étable, deux serviteurs nettoyaient une charrette poussiéreuse. Dans un coin, de gros porcs bien gras se roulaient dans une flaque de boue.
Le paysan et le garde franchirent une seconde grille et arrivèrent au pied du donjon.
 

Une vingtaine de soldats s'entraînaient au combat à la grande épée qu'ils maniaient à deux mains. Au centre, un homme plus grand que les autres luttait à un contre quatre. Il repoussait sauvagement les attaques de ses adversaires et en quelques minutes, il réussit à les vaincre l'un après l'autre.
Le puissant guerrier marcha alors tranquillement jusqu'à un seau d'eau posé au sol et s'aspergea le visage. Sans regarder son visiteur, il demanda :
- Que me veux-tu, vilain ?
Le paysan, bredouilla en s'inclinant :
- Messire, je vous apporte la bête qui a été chassée sur vos terres. Un garçon que l'on appelle partout le petit sauvage braconne dans la forêt. Le seigneur, furieux, arracha l'animal des mains du vilain et le jeta violemment au sol.
- Qu'on retrouve ce maudit garçon et qu'on le pendouille sous une belle branche le plus vite possible ! Et toi, disparaît, misérable.
Le paysan s'en alla, déçu, sans la récompense qu'il avait pensé recevoir. Ce n'était pas pour rien que le duc était appelé le Cruel...
 

 

À suivre