Le garde emprunta le tunnel souterrain secret.
 
C'était un homme blond aux yeux bleus. Il portait des vêtements sombres et des bottes en cuir marron. A son âge, il révait de devenir chevalier et possédait un goût prononcé pour l'aventure. Deux missions à la fois, Dieu lui venait en aide ! Il allait épouser Guillemette, être récompensé par Mouzon mais aussi par Bazeilles ! Il rayonnait dans le tunnel sombre et inquiètant où seuls les rats l'escortaient.
Il sortit la tête dans les broussailles, se piqua aux orties démesurées qui l'entouraient et se déchira la peau des mains en écartant les ronces.
 
A la sortie du tunnel, un cheval l'attendait. C'était un ardennais brun avec des taches blanches. Il sauta en selle et s'élança.
Après plusieurs heures de chevauchée à brides abattues, il s'arrêta devant un étang pour abreuver son cheval.
Une pause s'imposait, pour lui et sa monture. Il venait d'entrer dans les Bois du Diable !
Cet endroit maudit était infesté de coupe-jarrets et autres bandits. Mais, c'était le chemin le plus court pour gagner le château de Mouzon.
Malgré sa fatigue et une sale angoisse qui lui mouillait le front, le jeune homme décida d'avancer à pieds et engagea sa monture dans l'épaisse futaie, le coeur vaillant.
Soudain, une forme surgit au milieu du chemin devant lui. Il tira sur les guides de son destrier et le stoppa net.
Ce n'était qu'un garçon en haillon qui semblait apeuré.
 
- Ôte-toi de mon chemin, gamin, s'écria le messager. Je dois aller à Mouzon quérir l'aide du Comte Paulin. Bazeilles est attaqué par les Anglois et nous avons besoin de secours.
A ces mots l'enfant, qui n'était autre qu'Arthur s'écarta pour laisser le passage au cavalier. Mais, en un éclair, Arthur vit la bague de son père au doigt du jeune homme. Il se jeta sur lui et le cloua au sol.
- Que fait la bague de mon père, Jean le forgeron, à ton doigt ? Tu l'as volée ? Est-il mort ? Et ma mère, as-tu vu ma mère...
 
Le messager s'expliqua. Quelques instants plus tard, les deux jeunes gens faisaient route vers Mouzon.
 
Les tambours de l'armée anglaise résonnaient dans le lointain.
 
 
 

À suivre